Jack Ladder au Folk-Blues festival de Binic le samedi 29 juillet
20h45 : vêtu d’un drôle de pyjama rayé, le visage couvert de fond de teint blafard qui lui confère un air malsain de mort vivant en plein soleil couchant, les yeux dissimulés derrière des lunettes noires, le géant qu’est Jack Ladder est accompagné d’un seul acolyte – coiffé d’une casquette à al Sherlock Holmes – aux claviers et à la guitare. C’est la première prestation de la journée que nous attendons particulièrement, étant donné le coup de cœur qu’a été pour nous son album Tall Pop Syndrome.
On commence par deux chansons folks : d’abord son premier succès – enfin, en Australie -, Hurstville, suivi d’un magnifique Come On Back This Way, qu’il est impossible de ne pas chanter avec lui, même si c’est la première fois qu’on l’entend ! Et puis on passe aux 4 titres les plus accrocheurs du nouvel album, dans un registre synth pop minimaliste : Home Alone (qui s’envole sur un final intense, quand Jack cite tous les musiciens qu’il aime et sur la musique desquels il danse, seul à la maison…), The Lovers Loved Me (sur lequel Jack s’agenouille dans une offrande à la Cohen, l’une de ses idoles absolues…), Game Over (une chanson qu’il explique traiter de la disparition d’un dauphin en Irlande !), et enfin le très joueur Lombard Street (y aurait-il quelque chose de Sparks dans cette ritournelle aux claviers ?).
2023 07 29 Festival Folk Blues Binic J2 Jack LadderOn revient aux guitares acoustiques pour une chanson d’amour – « la plus belle qu’il pouvait écrire », nous dit-il, puis Susan, un final qui est aussi de sa tournée européenne. Il nous explique qu’il parle dans la chanson d’une femme, handicapée suite à un grave accident, qui danse dans ses rêves avec son mari : c’est un moment qui s’avère un peu gênant quand Frank se rend compte de la présence de deux personnes handicapées, dont un artiste qui le dessine, dans la fosse, mais Frank descendra ensuite à leur rencontre, dans un geste très élégant. C’est aussi un final lyrique et superbe, qui nous confirme la grâce de cet artiste différent, à la voix d’ailleurs moins semblable à celle de Nick Cave en live que sur album. Il faudra le revoir dans un cadre plus intime qu’un festival en plein air, où sa magie assez précieuse fonctionnera sans doute mieux.