The Hives au Festival Beauregard (Hérouville St Clair) le samedi 6 juillet
23h40 : Sept ans déjà depuis la sortie de "Lex Hive", le dernier album en date de The Hives, nos punks suédois préférés, un délai inhabituel mêle pour ce groupe qui brille surtout sur scène et n'a jamais été très productif en studio. Heureusement, des tournées incessantes permettent de ne pas être inquiets quant à leur capacité à continuer de perpétuer - sans faiblir depuis 1989 - la célébration du rock'n'roll dans ce qu'il a de plus énervé et pourtant réjouissant, une sorte de rock garage qui serait sorti des ruelles mal famées pour exploser sous les sunlights. D'ailleurs qui aurait pu nourrir quelque préoccupation se voit immédiatement rassuré dès les premiers accords de Come On!, pétulante et brève déclaration d'intention que le groupe utilise pour atomiser le public en une minute montre en main depuis "Lex Hive". Ambiance classiquement noire et blanche (avec une touche de rouge), vestes blanches et pantalons noirs, chaussures cirées et coiffures impeccables, sans même parler du fait que le temps semble avoir si peu de prise sur Pelle et Nicholauss : The Hives sont là, superbement là, ce soir, et il est humainement impossible de ne pas hurler notre plaisir dans la nuit. P... ! Qu'est-ce que ça fait du bien ! Les trois quarts du public sont déjà excités comme des poux, et nous ne sommes pas en reste : c'est la délicieuse grande claque du rock'n'roll ! C'est à peine si on remarque le replacement de Dr. Matt Destruction à la basse par un nouveau "Hive" parfaitement narquois et pince-sans-rire, et le fait que Chris Dangerous a cédé sa place à un batteur "de tournée", tant le show reste identique : chez tous les autres, cette permanence s'apparenterait à une stagnation et serait critiquable, chez les Hives, c'est une merveilleuse preuve de la résilience de la (punk) rock'n'roll attitude. Walk Idiot Walk nous voit tous brailler de tous nos poumons, tandis que Nicholaus et Pelle viennent alternativement faire le show sur l'avancée de la scène, au milieu du public de Beauregard nageant dans le bonheur.
Main Offender fait encore monter la pression, et, avant de rentrer dans la partie moins hystérique (encore que…) du set, Pelle permet au groupe de reprendre son souffle en se lançant dans son habituelle interprétation d'animateur fanfaron. Le voilà donc qui fait crier alternativement les "madames" et les "monsieurs", puis les deux ensemble, dans son français approximatif mais généreux : moi qui ai également vu le groupe sur scène au Brésil et en Espagne, je peux témoigner qu'il fait des efforts identiques dans chaque pays avec la langue locale : un showman, un vrai ! D’ailleurs, descendu au contact du public, Pelle me repère au premier rang et me fait chanter, non pardon, glapir dans son micro : un joli souvenir de plus pour moi. Good Samaritan est un single récent que peu de gens connaissent encore, mais fonctionne parfaitement bien, avant qu’on attaque la dernière ligne droite de la soirée – eh oui, une heure seulement de concert, ça exige une set list bien ramassée ! – avec l’une de leurs chansons les plus éblouissantes, Won’t Be Long, le genre de mélodie enivrante qui nous restera en tête jusqu’au lendemain.
Pelle nous rappelle que si la région où nous sommes s’appelle la Normandie, c’est bien parce que les North Men sont venus il y a bien des siècles « s’unir » à nous (et nous pas nous envahir, attention !). Bien vu ! Hate to Say I Told You So reste le brûlot ultime, mais la toute nouvelle – et très heavy - I’m Alive fonctionne tout aussi bien. Il est temps de faire exploser la dernière bombe, avec le rituel assis-debout de Tick Tick Boom : tout le monde, groupe et public, sort de là heureux et exténué, sans remords ni regrets. Les Hives restent, envers et contre toute attente, ce qui se fait de mieux en termes de plaisir simple dans le domaine de la musique qui fait du bruit. On leur souhaite, et on nous souhaite à nous tous, une longue existence !