"Soleil de Nuit" de Jo Nesbø : le feu de l'espoir
Excellent court roman de notre cher Jo Nesbø, qui se dévore en quelques heures grâce à ses qualités littéraires (car Nesbø écrit bien, on le sait…) plus que son intrigue, réduite au strict minimum et absolument pas basée pour les coups de théâtre et autres cliffhangers habituels au genre.
Non, "Soleil de Nuit" préfère faire la part belle à la découverte d'une partie peu connue de la Norvège (le Finnmark, en Laponie, une région apparemment ignorée des Norvégiens eux-mêmes) : un pays extrêmement rude, primitif même, peuplé d'ethnies qui nous semblent des plus exotiques, comme les Sames, et où sévit une religion extrémiste passablement effrayante... Mais où, comme partout, les sentiments humains - haine, amour - finissent toujours par éclater, quel que soit le carcan qu'on leur impose. Nous accompagnons dans cette rencontre de plus en plus intime avec une culture déconcertante un anti-héros gratiné : dealer minable, tueur à gage terrifié par le fait de presser la détente, père malgré lui qui se révèlera incapable de sauver sa fille, Jon / Ulf préférerait presque en finit avec la vie, si ce n'était que le feu de l'espoir peut toujours être rallumé, même et surtout quand la température est polaire.
La conclusion de "Soleil de Nuit", pour légèrement invraisemblable qu'elle soit, sonne alors comme un récompense que Nesbø nous accorde avec une générosité qui tranche avec l'ambiance habituelle de ses polars hyper-dépressifs. Ce qui fait qu'on referme le livre le sourire aux lèvres, enchanté par cette balade exotique et finalement rassérénante.