"Le Passé" d'Asghar Farhadi : un vrai bonheur...
C'est un vrai bonheur de cinéphile que de découvrir - seulement maintenant, je sais, je sais... - le cinéma d'Asghar Farhadi, avec ce "Passé" tout bonnement renversant : si l'on n'est pas au niveau du "choc Kiarostami", on sent qu'on a quand même affaire ici à un vrai cinéaste, qui conjugue de manière sensationnelle un naturalisme brutal dans la description des "rapports" entre ses personnages (pas loin de l'école "française", puisqu'on peut penser tour à tour à Sautet, Pialat ou Desplechin à certains moments du "Passé"...) et un indéniable pouvoir manipulateur d'une fiction avançant - de manière surprenante - à coup de mini-révélations qui emmènent progressivement le film vers de nouveaux territoires... Jusqu'à cette fin stupéfiante de beauté, de finesse, d'intelligence, qui clôt le film d'une manière aussi parfaite qu'inattendue. Un vrai bonheur, donc ! Ce qui ne signifie pas d'ailleurs que regarder "le Passé" soit une partie de plaisir constante, puisque l'une des particularités du cinéma de Farhadi, c'est de nous "infliger" de manière continue des scènes fortes, tendues, certes exigeantes mais également totalement implicantes : cette focalisation totale sur les sentiments ne fonctionnerait d'ailleurs pas si bien sans une direction d'acteur parfaite de précision, qui aide chacun et chacune à donner le meilleur (qui aurait pu croire Bérénice Bejo capable de remporter un prix à Cannes ?). Bref, dans ce film plus français que la plupart des films français récents - un autre tour de force - on ne peut voir que la confirmation de l'apparition d'un grand auteur.