"Le roman de Jim" de Jean-Marie et Arnaud Larrieu : De la bienveillance à la lâcheté
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J'avoue à ma grande honte avoir peu à peu arrêté de suivre les Frères Larrieu : j'avais trop aimé leurs tous débuts pour accepter de voir leur singularité se banaliser, ou au contraire, et les deux ne sont pas incompatibles, leurs idées devenir des mécanismes ludiques plus ou moins gratuits. Je suis allé voir ce Roman de Jim sans grand enthousiasme, autant le reconnaître, ayant peu d'empathie, moi-même, pour les personnages d'imbéciles heureux, tels que dépeint dans une bande annonce divulgâchant bien trop de ce que raconte le film.
Bon, au sortir de cet objet filmique lénifiant, et il est vrai souvent bien agréable (qui peut, dans un monde aussi agressif que le nôtre, refuser une heure trois quart de bienveillance ?), ma considération pour les Frères Larrieu n'a pas bougé, ni vers le haut ni vers le bas : j'ai juste noté que, avec l'usure de l'âge, ils savaient désormais faite du cinéma qui plaira à tout le monde sans fâcher personne.
Le Jura est beau, même si cet été permanent qu'on nous montre est terriblement réducteur. Le scénario, tiré d'un livre que je n'ai pas lu, a une fluidité remarquable, et nous entraîne sans douleur au long de la vie de son personnage mou, qui subit sa vie plutôt qu'il ne la vit.
A ce propos, Karim Leklou, certes bien dirigé et filmé, manque singulièrement de profondeur et de complexité, et me semble avoir été plus intéressant dans d'autres films. Le plus gros problème du film, du point de vue interprétation, est clairement Bertrand Belin, complètement à la ramasse dans toutes ses scènes.
Mais au fond, le vrai problème du Roman de Jim, au delà de sa tiédeur qui frôle la lâcheté, c'est bien la démission totale des scénaristes devant l'image sacro-sainte de la mère, que l'on ne saurait critiquer : n'eut-il pas été honnête de dire combien la mère de Jim est une pure ordure, au comportement dégueulasse,... au lieu de la dédouaner de son abjection au nom de je ne sais quel droit maternel devant lequel il est naturel de s'incliner ? On me rétorquera bien sûr que finalement, les Larrieu choisissent le "camp de l'homme", dont la résilience et la bienveillance seront finalement récompensées, dans une scène finale clicheteuse et frôlant la niaiserie d'une publicité pour des services bancaires : le problème est que la glorification de l'absence de combattivité dans des situations intolérables ne pourra que révolter tous les pères qui souffrent de ne pas avoir assez accès à leurs enfants suite à un divorce.