« L’accident de piano » de Quentin Dupieux : le débat des cinéphiles...
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Le cinéma de Quentin Dupieux, même s'il est de plus en plus populaire, reste un cinéma qui divise. L'Accident de piano, son dernier film, est considéré par certains comme son meilleur (parce qu'il est moins clairement bizarre, surréaliste, parce qu'il est une critique facilement identifiable de notre quotidien de réseaux sociaux et d'influenceurs, parce qu'Adèle Exarchopoulos y est irrésistible, etc.), et par d'autres comme l'un de ses moins bons (parce qu'il est moins drôle, moins original, et surtout parce qu'il fait preuve d'un effrayant manque d'empathie vis à vis de ses personnages). Et bien sûr, dans cet échange d'arguments - qui fait le sel de la cinéphilie, après tout ! - tout le monde a raison. Et la manière dont nous sortirons du film, réjouis ou irrités, sera presque indépendante de la démarche et du travail de Dupieux, mais traduira avant tout notre propre rapport à son cinéma, ainsi que à notre réalité. Car finalement, parler d'un film, surtout si on s'écharpe autour, c'est aussi ça - c'est peut-être même avant tout ça - qui fait du Cinéma un Art vivant, au delà des blockbusters mortifères que Hollywood produit à la chaîne.
Il est intéressant d'ajouter au débat un autre angle de lecture possible : comme certains l'ont justement relevé, la critique de la démarche "productiviste" de la YouTubeuse (multiplier des vidéos très courtes, produites à la chaîne) comme de son approche extrêmement efficace de la promotion de son "œuvre", peut être lue comme une auto-critique "honnête" de Dupieux sur ses propres mécanismes d'artiste et de communiquant (Y compris son "J'm'en fout" ?). Ce qui apporte quand même un autre éclairage sur un film qu'il est peut-être trop facile de qualifier de misanthrope.
Et puis, tout en reconnaissant qu'Adèle Exarchopoulos, une actrice assez irrégulière, fait ici un boulot remarquable de création d'un personnage littéralement "jamais vu", que Jérôme Commandeur et Karim Leklou tirent parti au maximum de la "méthode Dupieux" pour sortir de leur registre habituel, et que, formellement, le film est passionnant (son image d'une laideur déprimante, sa musique minimale et parfaitement judicieuse, etc.), ce qu'on découvre, avec un peu de surprise avec cet Accident de piano, c'est que 1h30, c'est trop long pour un film de Dupieux ! Réduit à son format habituel de 1h10 environ, l'Accident de piano aurait été plus convaincant. Car les meilleures plaisanteries sont évidemment toujours les plus courtes.