"The Handmaid's Tale - Saison 2" de Bruce Miller : Maîtresses ou esclaves...
On se doutait bien que "The Handmaid's Tale" ne se réussirait pas à se maintenir au niveau d'excellence de sa première saison, ce qui fait que la déception créée par une seconde saison beaucoup plus dispersée, moins homogène également stylistiquement, n'est pas trop cruelle. Le problème principal de la série est que, en se détachant du roman originel dont elle a exploité la substance, elle perd un peu ce côté obsessionnel qui en faisant la singularité (... et qui faisait aussi que certains la rejetaient...) : suivant les épisodes, on revient en arrière pour découvrir le glissement progressif de la société américaine vers l'intégrisme religieux et le fascisme, jusqu'au basculement à la faveur d'une attaque terroriste, ou on suit la trajectoire d'Emily; condamnée aux travaux forcés dans un bagne radioactif, ce qui est certes intéressant, mais nous éloigne du coeur du sujet : la survie de June au sein de cette société profondément malade, qui fait d'ailleurs sombrer peu à peu tous les protagonistes dans la folie.
Même si le passage dystopique de la visite diplomatique au Canada est vraiment électrisant, il ne sert lui aussi finalement que de diversion, et c'est avec soulagement que l'on voit les derniers épisodes, bien meilleurs, se recentrer sur une "maison" Waterford deplus en plus déviante et déchirée. Le dernier mouvement de la saison, montrant avec pertinence combien l'oppression contre les femmes en fait toutes des victimes, qu'elles soient maîtresses ou esclaves, est superbe, et nous fait d'autant plus regretter la conclusion de la saison, le choix très peu plausible que fait June, et dont on soupçonne que la logique a plus été imposée par la nécessité de produire une troisième saison que par la justesse psychologique du personnage (toujours superbement incarné par Elisabeth Moss, qui risque bien d'avoir trouvé ici le rôle de sa vie…).