"Pierre Lapin" de Will Gluck : Beatrix Potter à l'école des terriers
Il y a au départ pas mal de bonnes idées derrière "Pierre Lapin", première incarnation cinématographique des charmants personnages de Beatrix Potter, précurseur de la "fantasy animalière" : d'abord la mise en abîme du récit, Beatrix étant ici un personnage dont l'amitié avec les lapins venant dévaster le potager de son voisin est l'un des principaux moteurs de la fiction ; ensuite le choix audacieux d'inverser les stéréotypes habituels du film pour enfants, le personnage principal de Peter Rabbit s'avérant rapidement horriblement antipathique, au fur et à mesure que le spectateur tombe sous le charme singulier du "méchant" du film, très bien campé par un Domhnall Gleeson touchant, voire charismatique. A partir de telles prémisses, le film aurait dû être passionnant, il frôle malheureusement l'insupportable, accumulant des défauts rédhibitoires pour tout spectateur sain d'esprit, et ce quelque soit son âge : d'abord l'incarnation en images de synthèse des animaux, pour être visuellement bluffante, est d'une laideur infinie (soit le même problème qui m'avait rendue la nouvelle version du "Livre de la Jungle" insupportable : une sorte de viol esthétique de la beauté de la nature !) ; ensuite, une mise en scène désastreuse, manquant de rythme et d'équilibre, échouant à faire vivre à l'écran les (trop ?) nombreuses péripéties d'un récit mené tambour battant ; enfin, une grande faiblesse d'écriture dans la dernière partie du film, bâclée et ne tirant aucun parti de la visite-éclair de Peter à Londres ni de l'apparition des nouveaux propriétaires de la maison McGreggor. Lorsque le film se termine, notre consternation est telle que nous avons abandonné depuis longtemps le moindre espoir de rire ou de vibrer au spectacle de ces aventures incohérentes. Grosse, grosse déception donc qu'un tel échec à partir d'une matière première aussi prometteuse...