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Le journal de Pok
26 mars 2017

Car Seat Headrest le 22 mars au Divan du Monde

2017 03 22 Car Seat Headrest Divan du Monde (4)21h05, après un rapide changement de matériel, une quinzaine de minutes montre en main, Will Toledo est sur scène avec les trois musiciens qui composent – ce soir au moins – la version “live” de Car Seat Headrest : je n’ai aucune idée si ce sont des accompagnateurs permanents de Will, puisqu’il est de notoriété publique que Car Seat Headrest est un projet personnel de Will… Il y a donc un second guitariste, très expansif, auquel Will semble déléguer tout le spectaculaire du set, et une section rythmique efficace mais assez standard (on est loin en tout cas du spectacle offert par le batteur et le bassiste de TRAAMS…). Bon, Will est comme prévu très juvénile, la petite vingtaine (alors que le bougre fait de la musique depuis au moins sept ans et a déjà publié une douzaine d’albums !), et, avec ses grosses lunettes et sa chevelure abondante, il a une posture que je qualifierais sans crainte de ”à mi-chemin entre Gaston Lagaffe et le Grand Duduche”, pour ceux qui se souviennent du héros slacker de Cabu. Le problème est que, malgré ce look de geek lunettard plutôt sympa a priori, le mec est en effet complètement indifférent vis-à-vis de son public. Et met dans son chant et dans sa guitare aussi peu de sincérité et d’expression que possible !

On a attaqué par l’irrésistible Fill the Blank, qu’on a forcément tous envie de chanter avec Will – et ce d’autant que la voix étonnante est bien là, comme sur le disque – mais quelque chose nous empêche de décoller. Pourtant le son est bon, à la fois fort et clair, le groupe tape dur, le second guitariste fait comme s’il était lui la star de la soirée, et les morceaux du fantastique ”Teens of Denial” s’enchaînent… mais je n’arrive pas à me passionner complétement pour ce que j’entends.

2017 03 22 Car Seat Headrest Divan du Monde (45)On change de registre avec une reprise assez morne, chantée par le guitariste, du Motorway to Roswell des Pixies, mais c’est peine perdue : je ne rentre pas dans la musique. A côté de moi, un petit couple de super fans a l’air de bien s’amuser, mais je repère aussi l’ami Robert qui semble assez circonspect lui aussi, son appareil à la main. Je réalise que le problème vient réellement de l’attitude totalement neutre de Will, qui pourrait être en train de faire ses courses au Wal*Mart du coin (de chez lui) qu’il ne paraîtrait pas beaucoup plus intéressé. Pour compenser, le batteur, qui a l’air sympa comme tout, nous fait la conversation : clairement, c’est à lui que Will a aussi délégué la communication avec le public !

Il me faut attendre un bon trois quarts d’heure pour qu’une chanson me fasse enfin brailler sans retenue, c’est la remarquable Drunk Drivers / Killer Whales, une pure merveille qui survit même au traitement scénique frigide qui lui est réservé. Une heure cinq de set, et c’est le break avant le rappel : avec douze albums sous la ceinture, on aurait pu attendre un peu plus de générosité, mais clairement la générosité n’est pas une qualité de Will…

Heureusement, Will revient en solo pour un morceau que je ne connais pas (a priori une reprise de Frank Ocean) qui lui permet enfin de s’ouvrir, d’exprimer un peu quelque chose. Et on termine avec la fantastique Connect the Dots, une chanson qui aurait mérité d’être en tête de tous les hit parades rock de la planète, mais pas non plus dans une version inoubliable. Ça se termine quand même par une citation heavy du Gloria des Them, qui montre que Will, à défaut d’être aimable, a une bonne culture.

Grosse déception donc pour moi que ce concert joué sans tripes, sans cœur, par un jeune homme qui est pourtant à mon sens l’un des musiciens les plus doués apparus au cours de ces dernières années. Autour de moi, je perçois que le buzz général n’est pas formidablement enthousiaste non plus. Mieux vaut aller saluer les Anglais de TRAAMS au merch, ils auront été la lumière de la soirée. Tout n’aura donc pas été perdu…

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