"Boardwalk Empire - Saison 2", la série prend son envol...
Après une première saison que l'on pouvait considérer comme "en demi-teinte", la seconde nous rassure sur l'avenir - artistique - de la création de Terence Winter. S'il y a toujours de notables baisses de tension dans la narration, et donc certains épisodes un peu moins passionnants, et si l'on sait maintenant que le manque de "souffle" épique de cette déclinaison télévisuelle du "Parrain" est endémique (depuis le pilote réalisé par le maître, il est clair que tout cela n'a rien de vraiment scorsesien...), les scénaristes font ici monter la tension et les enjeux avec succès : la rivalité nouvelle entre Nucky Thompson et son ex-protégé Jimmy Darmody redéfinit les rôles de chacun dans le microcosme mafieux d'Atlantic City (et des environs), et exacerbe les tensions jusqu'à une conclusion remarquable. L'excellence de l'interprétation, Buscemi et Pitt en tête (mais ce ne peut être une surprise pour personne que de voir ces deux excellents acteurs au cinéma briller ainsi dans une série qui leur donne plus de temps pour développer des personnages complexes et ambigus), la complexité des relations - torturées - entre les personnages (la palme revenant bien sûr à l'amour incestueux entre Darmody et sa mère diabolique), les explosions - rituelles dans le genre, bien entendu - de violence cruelle font de cette seconde saison de "Boardwalk Empire" une jolie réussite... Même s'il est désormais certain que la série n'atteindra jamais le niveau des chefs d'oeuvre incontestables du genre (disons les "Sopranos" et "The Wire") à cause de son respect prudent des conventions cinématographiques et, plus grave encore, à cause de l'absence de cette transcendance que l'on attend forcément des grandes séries.