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Le journal de Pok
31 juillet 2012

Revoyons les classiques du cinéma : "La Vie Rêvée des Anges" de Erick Zonca (1998)

vie_revee_des_angesPrès de quinze ans après le choc de la découverte du premier film d'Erick Zonca, acclamé par la critique et relativement bien reçu par le public, que reste-t-il de "la Vie Rêvée des Anges" : si Zonca n'a pas concrétisé les espoirs de la critique qui attendait un "nouveau Pialat" (mais en plus light…), si ni Elodie Bouchez ni la (ici) stupéfiante Natacha Régnier n'ont tout-à-fait eu la carrière vertigineuse que leurs interprétations extraordinaires pouvaient laisser prévoir, le film lui-même tient bien la route, et pourrait même sembler plus pertinent en 2012 dans une France marquée par la crise économique. Car la réalité de la paupérisation de la jeunesse, finement anticipée par Zonca, rend le film plus fort, l'éloigne encore plus du simple "geste artistique" qu'on avait cru voir à l'époque, pour le transformer en "parole politique" : ce nos enfants qu'on voit vivre (dans la misère et la marginalité, même légère et souriante comme avec le personnage lumineux d'Isa) et puis même mourir à l'écran. Certes, Zonca ne conspue pas la brutalité de la société industrielle, même si les derniers plans ne sont pas tendres quant à l'esclavagisme du travail, il se contente de pointer l'étanchéité des "classes sociales" et l'indifférence - mutuelle, d'ailleurs - qui en découle. L'illusion de l'amour ne saurait résoudre le dilemme du "ni dans la société, ni au dehors" qui caractérise le trajet emblématique d'Isa et de Marie, et c'est là, au delà du réalisme social dont se pare "la Vie rêvée des Anges", l'une des conclusions les plus pessimistes d'Erick Zonca.

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