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Le journal de Pok
28 juin 2024

"Furiosa" de George Miller : les raisons d'un échec

Un peu de temps a été nécessaire après le visionnage de Furiosa pour trier le pour et le contre d'un film qui a eu le mérite de tenter quelque chose de nouveau et de différent à partir du mythe Mad Max, brillamment réactualisé par le chef d'œuvre qu'est Fury Road. On sait aujourd'hui, un mois après sa sortie dans les salles, accompagné par un torrent de critiques élogieuses, que Furiosa n'a pas tenté les spectateurs, ni en France, ni aux USA, ni à peu près nulle part : le pari ambitieux de George Miller, sur lequel se jouait la poursuite et la conclusion de la saga par un dernier film, a été perdu. Pourquoi ? Personne n'en a une idée réellement claire, d'autant que la majorité des spectateurs ont été plutôt conquis par l'histoire de l'enfance et de la jeunesse de cette Impératrice Furiosa qui avait littéralement éclipsé le personnage de Mad Max dans Fury Road.

Objectivement Furiosa est spectaculaire, avec nombre de séquences motorisées impressionnantes, mais ne réussit pas à égaler les plus beaux moments de Mad Max 2 et de Fury Road. Furiosa est intéressant - on ne s'ennuie pas pendant ses deux heures et demie - mais pas passionnant non plus : après tout, on sait comment tout ça va finir, évidemment, ce qui, quoi qu'on en dise, réduit les enjeux du film. Furiosa est bien interprété : Anya Taylor-Joy et Chris Hemsworth (dans un registre parodique inattendu) font le job, de manière convaincante, voire sympathique... mais n'arrivent pas un instant à faire oublier Charlize Theron ou Mel Gibson (pour Tom Hardy, c'est moins clair...). D'ailleurs, le personnage interprété par l'excellent (habituellement) Tom Burke, qui est une sorte de copié-collé du Mad Max original, pointe à lui seul les limites de l'exercice : il est bien, mais jamais totalement crédible, et est loin de pouvoir être qualifié de "mythique".

Finalement, peut-être que la raison d'un tel échec commercial est plus simple qu'on l'imagine : si Fury Road était aussi extraordinaire et fédérateur, c'est qu'il relevait de l'ordre du concept pur et simple, presque de l'abstraction, ce qui faisait que les notions de crédibilité disparaissaient, et que l'attachement du spectateur aux personnages n'avait guère d'importance. Furiosa est un film bien plus "classique", qui ne fonctionne pas sur les deux niveaux-clés recherchés : Miller voulait cette fois nous faire découvrir / explorer un monde qui, en fait, n'est pas très intéressant, pas très "riche", et s'avère finalement plus artificiel qu'autre chose. Et nous attacher émotionnellement à des personnages qui n'ont pas grand chose de commun avec nous, vivant des situations qui sont tout sauf universelles.

Furiosa est donc un assez bon film, mais n'a aucunement le potentiel d'être un film fédérateur ou iconique. Donc de devenir un blockbuster global.

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