Revoyons les classiques du cinéma : "Mad Max 2" de George Miller (1981)
Revoir le magistral "Mad Max 2", près de 35 ans après sa sortie explosive et mémorable (et juste avant un retour vaguement inquiétant aux affaires avec "Mad Max 4") permet - entre autres - de vérifier à nouveau la supériorité absolue de l'effet de réalité de la cascade sur le trucage numérique (la CGI, comme on dit aujourd'hui...) aussi parfait soit-il. Dans ce chef d’œuvre indiscutable du film d'action, outre la perfection de la narration, de la mise en scène - constamment juste et inspirée de George Miller -, de l'interprétation d'un Mel Gibson "à fond" (sans ce recul ironique qu'il a vite acquis en rejoignant Hollywood), on jubilera avant tout devant l'hystérie des scènes de poursuite, et devant ces tonnes de métal hurlant, écrasant les véhicules et broyant les corps avec un réalisme rarement atteint - ou du moins qui ne le sera plus à nouveau tant que les financiers crétins aux commandes du Cinéma populaire préféreront la parfaite sécurité de l'ordinateur à l'imperfection tellement risquée du réel.
Bien sûr, en 2015, on grimacera devant l'utilisation lourdingue de la très mauvaise musique de Brian May (cette obsession du "soulignement" musical est sans doute l'une des seules "fautes théoriques" commises par Miller), on sourira de l'incohérence fondamentale d'une histoire qui voit ses personnages gâcher à longueur de temps leur ressource présentée comme la plus précieuse, ou de l'imagerie "punk-SM" pas très fine, mais ce sont là de bien légères réserves par rapport à la beauté de "Mad Max 2" : les paysages désertiques de l'Australie - peut-être jamais encore filmés de cette manière - qui confèrent un cachet particulièrement aride et suffocant à l'ambiance du film, ainsi que la dimension mythique de ce héros post-moderne (cynique, perdu, pragmatique) et pourtant infiniment romantique qu'est Max, rendent le film inoubliable.