David Fincher est l'un des plus grands réalisateurs modernes, quelqu'un qui aura marqué son époque de son style de narration et de mise en scène ; quelqu'un qui nous aura offert quelques uns des plus grands films de ces dernières décennies, comme The Social Network ou Zodiac. Ce qui ne veut évidemment pas dire que tout ce qu'il fait soit parfait, extraordinaire, et ce The Killer assez moyen en est bien la preuve.

Oh, la classe - ou, et c'est plus important, intelligence - de la mise en scène de Fincher est toujours là, visible quasiment à chaque scène, voire dans chaque plan, même s'il y a quelques idées qui fonctionnent difficilement, comme ces chansons des Smiths que l'on n'entend que lorsque le personnage principal, un tueur à gages ultra-efficace qui va commettre sa première erreur d'une longue carrière et qui va en payer le prix, les écoute. Et qui sont coupées systématiquement chaque fois qu'il arrête son écoute. Une idée amusante et originale qui devient très lourde au bout de dix répétitions, surtout pour quelqu'un qui aurait le malheur d'aimer les Smiths !!!

Mais le vrai problème, le gros problème de The Killer, c'est bien l'inanité de son scénario, une histoire de tueur à gage dont son commanditaire veut désormais se débarrasser, et qui va devoir liquider les plus hauts pontes de son organisation : une histoire que l'on a déjà vu des dizaines de fois au bas mot, et qui, pire encore, débouche ici sur une fin inconsistante, téléphonée, grotesque. Même si l'esthète en nous en arrive à se délecter de l'élégance formelle du film, il est difficile d'adhérer à une histoire qui manque autant d'intérêt. Et ce d'autant que l'excellent Michael Fassbender en est réduit pour le coup à ne rien jouer du tout, ce qui est quand même un sacré gâchis.

On espère donc que ce coup d'épée dans l'eau, pas désagréable certes, mais complètement inutile, ne présage pas de ma suite de la carrière de Fincher... Qui devrait sans doute, pour son bien, abandonner son partenariat avec Netflix et se confronter à de vrais partenaires pour la production de son prochain film.