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Le journal de Pok
18 août 2023

"Le syndrome [E]" de Franck Thilliez : le problème avec Franck Thilliez...

Le syndrome E

Le problème d'auteurs de "roman de gare" (expression datant de l'époque où les gens lisaient dans les trains au lieu de regarder leur portable) comme Franck Thilliez, c'est qu'on accroche forcément (du fait de l'efficacité de la construction de leurs histoires, qui activent des réflexes "pavloviens" chez le lecteur) aux premiers livres qu'on lit d'eux, mais que, plus on répète l'expérience, moins elle devient convaincante. Ayant découvert - tardivement - Thilliez avec son Labyrinthes, j'avais été assez impressionné par le mélange de théorie (pseudo) scientifique et de suspense policier...

... Avant de découvrir, en plongeant dans le catalogue de ses œuvres antérieures, que tout cela relevait d'une formule que Thilliez répétait à chaque fois, en recherchant toujours un degré supérieur dans l'outrance, l'incroyable et l'insoutenable.

En étant arrivé à ce Syndrome [E], je dois admettre que les limites de ma bonne volonté commencent à être atteintes. Cette fois, Thilliez combine les théories de l'image avec les recherches de la CIA sur la neurobiologie, y ajoute quelque phénomènes réels (?) inexpliqués, comme des cas répertoriés d'hystérie collective, pour construire un polar qui n'en est même pas un, puisque les "solutions" doivent être livrées, un peu comme dans un film de Nolan, par de longs passages explicatifs, et ne résultent pas du travail d'enquête des policiers.

Quant aux deux policiers du Syndrome [E], parlons en, justement : Sharko devenu schizophrène, qui sera instantanément guéri par l'amour de sa nouvelle collègue, Lucie, qui ressemble en fait à un clone de lui-même avec deux décennies de moins. Des clichés à la pelle, de l'invraisemblance en veux tu, en voilà : dur, dur d'accompagner nos deux inspecteurs dans leur poursuite farfelue et incohérente à travers le monde (Belgique, Egypte, Québec) de mystérieux agents du Mal !

Mais ce qui gêne le plus dans ce polar - qu'on lirait quand même sans trop de déplaisir, allongé au soleil sur le sable d'une plage - ce sont bien les relents racistes qu'exsude toute la partie égyptienne de l'intrigue, jamais avare en clichés ni en simplifications méprisantes vis à vis d'une culture que Thilliez considère visiblement comme inférieure.

Et là, ça ne passe plus !

PS : Pour les cinéphiles, on aura en plus du mal à gober la récupération d'une scène célèbre du Chien Andalou, sans qu'aucune mention du film ne soit faite avant plusieurs centaines de pages. Ce qui aurait tendance à prouver que Thilliez n'en est justement pas un, de cinéphile.

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