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Le journal de Pok
24 mai 2018

"La Casa de Papel" de Álex Pina : pot de Nutella

la-casa-de-papel cartelBon, soyons lucides : "La Casa de Papel", c'est vraiment n'importe quoi, et il est si facile de faire des "trous dedans" que ce n'est même pas amusant : n'importe qui dont le cerveau n'a pas encore été détruit par les drogues de divertissement ou par l'abus de réseaux sociaux ne pourra qu'être consterné par l'incohérence de la plupart des personnages, l'invraisemblable complète des situations, le franc n'importe quoi des scènes de mitraillage général, le ridicule consommé des scènes amoureuses qui s'accumulent en dépit du bon sens. Et la mauvaise qualité de l'interprétation de plusieurs rôles-clé (le "professeur", la flic, la fille de l'ambassadeur, les victimes du fameux syndrome de Stockholm...) fait grincer des dents fréquemment devant des scènes désamorcées par le manque de crédibilité des acteurs. Et je ne parle même pas des cliffhangers putassiers immédiatement désamorcés au début de l'épisode suivant ! Donc, objectivement, "la Casa de Papel" est un autre truc médiocre signé Netflix. Et dont on peut même avoir un peu honte, comme lorsque naguère on aimait les exploits absurdes de Jack Bauer...

Sauf que, comme "24 Heures Chrono" justement, on est ici devant un objet irrémédiablement addictif, jouissif, incitant au binge watching le plus régressif : il est finalement impossible de ne pas se prendre au jeu, de ne pas poser son cerveau sur la table du salon à côté des chips pour passer une nuit complète à faire tourner la planche à billets avec Tokyo et les autres, et monter des manipulations absurdes avec le "Professeur"... C'est tout simplement trop bon, comme un pot de Nutella, ce truc dégueulasse et pas éthique qu'on engloutit malgré tout.

Comme j'aime après coup rationaliser mes erreurs, je dirai que tout amoureux de l'Espagne ne peut de toute manière que craquer devant l'usage pétaradant - et tellement juste - du langage populaire (à voir en VO, pour ne pas passer à côté de cette superbe vulgarité). Que les personnages de Berlin et surtout de Nairobi (la gitane hilarante et bouleversante) sont magnifiques et rattrapent largement le reste, et que le soupçon de politique - qui aurait gagné à être plus affirmé - ("Ciao Bella Ciao" et tout le toutim...) colore joliment la série de tonalités contemporaines.

Ouf ! Ce ne sera donc pas trop la honte...

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