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Le journal de Pok
7 mars 2025

"Erostrate" de Martin Veyron : déjà dans la Grèce antique…

Wikipedia nous le confirme : ce que nous raconte Martin Veyron, dans son nouveau livre, Erostrate (après une bien longue absence des rayons des librairies), est bien inspiré de faits réels : Ἡρόστρατος (Erostrate) a bel et bien incendié – et totalement détruit – le temple d’Artémis à Ephèse, qui était considéré à l’époque comme l’une des merveilles du monde. Pire, interrogé sur les raisons de son acte insensé, le jeune homme a toujours soutenu, jusqu’à son exécution, qu’il cherchait, ce faisant, à acquérir une gloire éternelle.

Mais à partir de cette histoire vraie et étonnante, Veyron a construit un pavé de plus de 200 pages en combinant deux idées : l’une, qui est de nous rappeler que ce ne sont pas les réseaux sociaux qui ont créé le besoin chez l’homme d’être connu ou au moins reconnu, même pour de mauvaises raisons ; l’autre, de nous faire réviser nos connaissances sur la Grèce antique, celle des philosophes, des sculpteurs, des hommes politiques, des guerriers. Le tout en appliquant cet humour si particulier qui avait fait de lui l’une des plus grandes stars de la BD française, dans les années 80, en particulier avec les « aventures » de son héros Bernard Lermite.

Erostrate est donc un bel éphèbe, dont hommes et femmes sont amoureux – puisqu’il semble qu’à l’époque la bisexualité ait été naturelle en Grèce -, mais surtout un parfait imbécile ne cherchant que la célébrité, de toutes les manières possibles. Ce qui signifie qu’Erostrate en lui-même n’est pas un personnage très intéressant, même si les aléas de son existence, inventés par Veyron, puisque son histoire a été effacée de la « mémoire » grecque, s’avèrent régulièrement divertissants. C’est donc plus la « deuxième idée » de Veyron qui rend la lecture d’Erostrate aussi divertissante que, régulièrement, passionnante. Il y a ici un petit côté « Contes et légendes de la Grèce Antique », le livre étant riche en épisodes de la « vie » des Dieux et des Demi-dieux, remplie, on s’en souvient, de violence, de luxure et de trahisons. Mais Veyron se penche également sérieusement sur le fonctionnement de la société grecque, athénienne en particulier, sur le rôle des philosophes (avec Diogène en particulier comme savoureux antihéros) dans la vie politique, sur les débats incessants qui agitaient la jeune démocratie.

Evidemment, suivant que le sujet nous intéresse ou non, nous nous amuserons beaucoup en révisant nos connaissances historiques ou mythologiques, ou, au contraire, nous pourrons trouver cet Erostrate un tantinet longuet. Ce d’autant plus que – et c’est là le seul véritable problème du livre – la lecture pourra s’en révéler parfois fastidieuse, avec un dessin régulièrement trop confus (il n’est pas certain que dessiner des scènes épiques ou regroupant des dizaines de personnages soit le point fort de Veyron) et des pages trop bavardes.

Pourtant, il est également indéniable que c’est un livre qui, peu à peu, à condition d’être lu « à petite doses », nous retient, nous captive, et nous laisse finalement, une fois refermé, avec le sentiment d’avoir fait un beau voyage dans l’histoire de notre civilisation. N’est-ce pas là le plus important ?

 

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