"Raised by Wolves – Saison 2" d'Aaron Guzikowski : bis repetita…
Devant l’incrédulité générale qui avait accueilli à sa sortie la première saison de Raised By Wolves, série de SF mélangeant « hard science » et réflexions métaphysiques et / ou psychanalytiques, le scénariste et show runner Aaron Guzikowski, avait dû expliquer l’ambition colossale de son projet, qui devait offrir aux amateurs de SF de haut niveau – c’est-à-dire très loin des space operas de divertissement « puéril » type Star Wars ou Star Trek – une fresque en cinq saisons : l’idée de Guzikowski était ni plus ni moins que de « philosopher » sur les questions essentielles de l’origine de l’homme, de son évolution, des rapports entre la maternité et monstruosité, on en passe et des meilleures. Ridley Scott, pas totalement sorti de son trip Prometheus, et toujours séduit par les théories créationnistes, avait donné un coup de main, avant de disparaître, sans doute consterné par les résultats à l’écran.
Rappelons que Raised by Wolves raconte les tentatives – largement malheureuses – de deux androïdes créés à cet effet (Amanda Collin et Abubakar Salim, tous deux plutôt crédibles quand il s’agit d’exprimer une absence totale d’émotions, mais moins à l’aise quand on leur demande, de temps à autre, un peu de subtilité…) d’élever des enfants sur une planète quasi désertique, afin de préserver / faire renaître l’humanité largement décimée par de catastrophiques guerres de religion…
Dans cette seconde saison, plus courte que le première, Mother, Father, et leur tribu d’enfants s’installent dans la zone tropicale de la planète, au milieu d’une colonie d’athées, peu accueillante pour ces réfugiés croyants, et dirigée par une AI dictatoriale. Pire, la créature à qui Mother a donné naissance lors de la première saison est désormais un gigantesque serpent « volant » menaçant la communauté, tandis que Marcus (Travis Fimmel, tout aussi inexpressif que s’il était un androïde lui-même) essaie de monter une rébellion mythriade (ou mythriadique ?). A partir de là, il est difficile de raconter ce qui se passe, tant on a de la difficulté à trouver la moindre logique aux allers et retours des personnages dans des paysages désolés au bord d’un océan acide, ainsi qu’à leur incessants changements d’avis sur qui ils sont, qui ils veulent être, et toutes ces questions existentielles bien peu crédibles chez des enfants prépubères et des adolescents. Father « ressuscite » et bricole une ancienne androïde qui a des pouvoirs immenses, ce qui va causer bien des ennuis, on le pressent. Sue (Niamh Algar, la seule à être un tant soit peu intéressante dans cette sombre histoire) se transforme en arbre. Tempest voit son nouveau-né volé par un monstre marin… Il se passe ainsi tout un tas de choses, anodines ou impressionnantes, qui, mises bout à bout, ne forment aucune véritable histoire, et ne génèrent qu’un profond ennui chez un téléspectateur passant son temps, entre deux roupillons, à se demander où Guzikowski veut bien en venir…
… Et ce d’autant que la qualité des effets spéciaux est très variable, allant de ridiculement mauvaise (avec ces toiles peintes qui figurent les paysages dans la première partie) à à peu près correcte quand il s’agit de mettre à l’écran des monstres et des détails gore ou répugnants…
Devant ce bis repetita du désastre de la première saison, les financiers ont décidé de débrancher la pompe à fric, et on en restera donc là pour Raised by Wolves. Et nous ne saurons donc jamais ce que Guzikowski voulait vraiment nous raconter. Et, franchement, nous nous en moquons complètement.