Temples au Cabaret Sauvage (Paris) le mardi 10 mars
21h00 : les photographes sont toujours circonspects avant un set de Temples, le groupe étant coutumier d’aveugler le public avec une rampe de lumière braquée sur lui. Ce ne sera pas le cas ce soir, ce qui nous permettra d’avoir quelques belles photos de James Bagshaw, toujours aussi “ minet bolanien”, le défi étant comme toujours d’entrapercevoir ses yeux !
Le set démarre sur les tambours martiaux et le stomp glamrock irrésistible de The Howl : « Raise you head up / Stamp your feet / Hang the world down / By a thread / Rising up to / Higher ground / Steal your thunder / Feel the howl » ! Que c’est bon de tous chanter en chœur ce genre de refrain qui vous booste le moral ! Comme on a besoin de ce genre de plaisir fédérateur en ces temps troublés ! Et dans la foulée, Temples enchaîne avec le gimmick aux claviers de Certainty, histoire de bien clarifier les choses d’emblée : en matière de chansons pop classiques, ce groupe finalement bien sous-estimé est actuellement imbattable ! Mais, comme si cette entrée en matière imparable ne suffisait pas, A Question Isn’t Answered nous rappelle combien “Sun Structures” avait déjà marqué son époque avec son psychédélisme classique, renvoyant aussi bien à Syd Barrett qu’au Beatles : sauf qu’on moment du pont au milieu du morceau, la frénésie s’empare du groupe, et la musique monte en puissance d’une manière inédite chez Temples. Woaouh ! Nos précieux minets auraient-ils enfin appris à jouer rock ? On remarque aussi que l’arrivée d’un nouveau batteur, Rens Ottink, beaucoup plus puissant et impressionnant que son prédécesseur, propulse beaucoup mieux la musique du groupe… Même si on ne va pas aller jusqu’à dire que Temples est maintenant un vrai groupe de scène (il faut bien reconnaître que leurs prestations scéniques ont toujours été en deçà de leurs albums…), il y a un net progrès : un recentrage du son sur les guitares, un peu plus de détermination et de laisser-aller aussi, en dépit les costumes et les chemises de soie toujours impeccables.
Le set tout entier va traduire cette sorte de phase de transition dans laquelle se trouve aujourd’hui Temples : il faut bien dire que certains morceaux – pourtant impeccables mélodiquement (au hasard, The Golden Throne, Context…) - font franchement retomber la tension, et semblent joués en pilotage automatique par un groupe qui peine à transcender sa brillante musique… Alors qu’à d’autres moments, le groupe excelle, pétille et excite. Comment résister par exemple à la réincarnation parfaitement crédible de T-Rex sur le fantastique Keep In the Dark ? « Dream on and sleep won't save you from the night / Drink a bottle, rest in wine / A shameful display, sung in some other place / To keep in the dark ».
Le concert se terminera par un superbe rappel : Mesmerise, beau et long moment instrumental, qui permet à nouveau aux musiciens de nous convaincre de leur capacité à “jouer du Rock”, et qui clôt impeccablement une heure et demie de ce que les fans s’accorderont à qualifier comme « le meilleur concert à date donné par Temples à Paris ! ». Le tout dans une ambiance impeccable – une salle superbe, où l’on a de la place pour bouger sans se faire bousculer, c’est finalement cool… - (ambiance troublée néanmoins un moment par l’évacuation en urgence d’une jeune femme se sentant mal au premier rang…), avec un son parfait…
… Au point où l’on est forcés de se demander si tout ce qui empêche désormais Temples d’atteindre une véritable excellence scénique, ce n’est pas la personnalité et l’attitude de James Bagshaw, dont on sent bien qu’il a le plus grand mal à s’ouvrir à son public, à s’offrir avec générosité à ses fans. Voilà un artiste qui n’a rien d’un showman, et ça se sent !