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Le journal de Pok
29 janvier 2019

Séance (tardive) de rattrapage : "Monsters Academy" de Dan Scanlon

Monstres_Academy affiche

Il y eut une époque où Pixar, studio indépendant, sortait un seul film par an, et où chacun de ces films était une merveille, ou tout au moins une expérience inoubliable. Pixar faisait avancer la technique, mais, et c'est bien plus important, racontait des histoires inédites, furieusement conceptuelles et formidablement stimulantes. Et puis l'usure de l'âge, le manque de renouvellement des talents et l'absorption par la monstrueuse multinationale orwellienne Disney finirent par avoir raison de cet âge d'or. "Monstres & Cie" était un témoignage impressionnant de la vitalité des artisans des jeunes studios Pixar, son prequel "Monstres Academy", film plaisant mais terriblement insignifiant, n'est qu'un artefact bien troussé démontrant surtout le professionnalisme impeccable des serviteurs de l'Empire Disney.

Et cette insignifiance de produit manufacturé est d'autant plus frustrante que, derrière les codes convenus et lassants du récit universitaire américain, subsiste un peu du formidable potentiel de l'idée originale du premier film. Sauf que, pour plaire à tous et surtout aux tous petits, on a fait tous les mauvais choix : rendre les monstres "mignons" (ne restent que la bibliothécaire et la directrice de l'école, deux femmes fortes saisissantes - trahissant une banale misogynie ?), et faire l'impasse sur la complexité de la peur : il n'y a guère que la très belle scène nocturne dans le monde des humains qui nous propose un embryon de réflexion, et encore sacrifie-t-elle paresseusement aux clichés du film d'épouvante.

Heureusement, "Monstres Academy" finit élégamment, nous évitant le happy end disneyien improbable, et préférant mettre nos héros "au travail". Nous proposant donc une morale certes un peu traditionnelle, mais rassérénante dans le contexte simplificateur qui a été jusque là celui du film. Il n'y a pas de petits bonheurs.

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