"Le Nouveau Nom" de Elena Ferrante : Italian Chick Lit'
C'est quand une amie férue de littérature m'a demandé : "Tiens, tu lis Ferrante ? Mais c'est de la chick lit', ça, non ?"... que j'ai compris que l'incroyable fascination qu'exerçait sur moi "le Nouveau Nom", plus encore que son prédécesseur, "l'Amie Prodigieuse", tenait à ce sentiment déroutant d'être pendant 500 pages dans la tête d'une jeune femme. Et de mieux comprendre le fonctionnement de la pensée féminine, en permanence torturée par ses complexes (son origine sociale, son sentiment d'infériorité par rapport à son amie Lila) et déchirée entre ses aspirations personnelles et sa famille et ses proches qui la tirent en arrière, ou plutôt vers le bas. Je comprends bien que certains s'irritent sur la longueur par rapport à un récit qui est une sorte d'accumulation foisonnante de commérages et de scènes burlesques qui semblent issues de la comédie italienne des années 70 ("Affreux, Sales et Méchants" ?), mais je dois avouer que, moi, je marche à fond là-dedans : est-ce une question de style, puisque Ferrante écrit un peu comme si son "autobiographie" était un thriller et nous tient suspendus aux péripéties soutenues de la vie de Lenù ? Ou bien, justement, ce merveilleux dépaysement que l'on ressent à être littéralement dans la peau d'une jeune femme italienne pauvre des années 60 ? En tout cas, ce livre est d'une efficacité émotionnelle redoutable, à l'image de cette longue chronique centrale d'un été torride qui en constitue le coeur battant.