Séance de rattrapage : "Solo : A Star Wars Story" de Ron Howard
"Solo" est un film fait pour des gens comme moi, qui ne s'intéressent pas trop à "Star Wars", qui n'aiment pas beaucoup ni cet univers infantilisant qui a ramené pendant des décennies la SF au niveau de divertissement pas trop malin pour geeks, ni les films eux-mêmes, leur paraissant grandement surévalués.
Car "Solo", si l'on ne se préoccupe pas trop du fan service en roue libre typique de la maison Disney, qui donne des résultats mi-risibles, mi-désolants quant à la construction / justification du personnage "iconique" de Han Solo, est un film d'aventures des plus "standard". En recyclant, sans trop leur accorder d'attention d'ailleurs, des éléments stéréotypés du western, du film de braquage, du film de guerre, et, évidemment, du space opera, le tâcheron tout-terrain Ron Howard (un seul bon film sur toute sa carrière, "Rush" !) exécute pour ses patrons les financiers la tâche qui lui a été assignée avec un indiscutable professionnalisme, qui quelque part garantit que le film atteigne "la moyenne" dans le genre.
Film d'aventures, donc, qui culmine, comme tout le monde s'accorde à le dire, dans la première partie du film, lors de la "scène du train", dont le dynamisme et l'énergie condamnent le reste de "Solo" à ramer sans jamais réussir à atteindre le même niveau. Mais aussi un film d'aventures auquel il manque des éléments essentiels - par rapport aux classiques du genre - qui sont le souffle épique (un trou béant dans l'ensemble de la saga, d'ailleurs...) et l'ouverture vers l'inconnu, ce qui quand même assez paradoxal pour une histoire sensée nous balader à travers la galaxie ! Et l'on tombe alors dans les excès de la dernière partie, qui fait littéralement du sur-place à force de multiplier les retournements de situation et les comportements inexplicables, voire même absurdes, des personnages... Du coup, "Solo" commence assez bien, et finit très mal, nous laissant avec un sentiment d'inutilité, de vacuité, qui malheureusement le condamne à l'oubli rapide.
Si l'on passe en revue les leviers "techniques" habituels du cinéma, il y a évidemment beaucoup à dire sur "Solo"... peut-être inutilement si l'on considère le manque d'intérêt fondamental du film : on soulignera une image étonnamment peu lisible à force d'être sombre, un rythme de narration excessif qui noie rapidement les quelques bonnes idées qui auraient pu ranimer notre intérêt pour le film, et des interprètes clairement en roue libre. Si l'on apprécie le cirque de Woody Harrelson, qui est un peu toujours dans le même registre mais ne manque jamais de nous faire rire, et si Alden Ehrenreich est loin d'être dénué de charme (très loin de Harrison Ford, ce qui ne pose évidemment aucun problème à quelqu'un comme moi...), le reste du casting est globalement peu convaincant, et plombe de nombreuses scènes.
A peu près acceptable sorti du cadre trop contraignant de "Star Wars", "Solo" est donc un tout petit film de divertissement, loin d'être désagréable, mais quasi-immédiatement oublié dès que défile son générique de fin.