Quand la pop fait des étincelles, une revisite de la discographie de Sparks : "Angst in my Pants" (1982)
J'adore "Angst in my Pants", le frère plus réussi de "Whomp this Sucker !", et aussi le dernier disque vraiment convaincant de Sparks pour un bon moment. Comme son prédécesseur, voilà un album qui fait tout ce qu'il peut pour se positionner comme un "Propaganda"-bis, et qui, cette fois, y arrive presque.
Il y a avant tout une véritable excellence des compositions, quasiment un sans faute, même si on peut tiquer sur un "Instant Weight Loss" qui renvoie directement aux bizarreries des tous débuts du groupe. Il y aussi des musiciens - les mêmes que sur l'album précédent - qui semblent être devenus un véritable groupe et qui ont le droit, du coup, de figurer sur la pochette - très réussie - de "Angst in my Pants" (enfin, au verso, il ne faut pas trop en demander !). Il y a toujours Mack à la production, qui fait un boulot correct, typique quand même des années 80, avec une batterie pachydermique comme on aimait à l'époque. Il y a enfin, et ça fait une différence notable avec tout ce que Sparks ont produit depuis "Indiscreet", un engagement total de Russell Mael au chant : même en ayant abandonné son célèbre falsetto, il injecte ici une telle énergie vocale, une telle conviction dans les chansons, qu'il les transcende régulièrement (écoutez l'incroyable intro de l'album, la magnifique chanson éponyme !).
Oui, "Angst in my Pants" est l'un des albums les plus agressivement "Rock" de Sparks, avec des sommets comme "Sextown USA" ou "Moustache". Avec tous ces atouts, l'album aurait dû être un succès, mais il passera quasiment inaperçu. Peut-être faut-il chercher dans l'irrépressible humour fantaisiste des Frères Mael la raison de ce désamour du public : chaque chanson ici est parfaitement hilarante, que ce soit au niveau des textes (médaille d'or à "I Predict" avec ses prédictions à la noix de la part d'un "devin" qui n'arrive même pas à prévoir comment finira sa propre chanson ! (1)...) ou des orchestrations, bien délirantes (comme le bal country forcené de la conclusion "Eaten By the Monster of Love" !). Et quelque part, le public a toujours trouvé que le Rock était une affaire bien trop sérieuse pour que des musiciens le tournent en vaste blague !
(1) à noter quand même cette prédiction - effrayante - qui a fini par se réaliser : "They're gonna stop Saturday night / So you better have fun now / (I predict)" (Ils vont arrêter les samedi soir / Alors tu ferais mieux de t'amuser maintenant / (Je le prédis))...
