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Le journal de Pok
5 novembre 2023

Coach Party au Café de la Danse (Paris) le vendredi 3 novembre

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21h15 : quinze minutes de retard pour Coach Party, on commence à s'impatienter, voire à s'inquiéter un peu. Heureusement, dès que le quatuor combatif et souriant entame son set avec Micro Agression, tout est oublié : même si le son n'est pas tout à fait assez fort - le Café de la Danse a des problèmes de voisinage et les groupes semblent y jouer un peu moins fort qu'ailleurs -, cette musique conjugue impeccablement puissance électrique et savoir-faire mélodique. S'il fallait décrire Coach Party à quelqu'un qui ne les aurait pas entendus, disons qu'on est du côté des Breeders avec un ADN de pop anglaise classique : les deux guitares de Joe et Steph font un beau raffut - entre riffs élégants d'un côté et coulées volcaniques de l'autre, tandis que la batterie est martelée sans pitié. Par là-dessus, le chant de Jess étale une couche résistante de sucre candy. Enfin, il ne faut pas oublier parce que ces jeunes gens sont gais et sympathiques (ils nous demanderont même ce que nous, Parisiens, pensons de la Tour Eiffel !!) que leurs textes sont tout sauf anodins, traitant régulièrement de sujets sombres trahissant un profond mal être existentiel.

Un bel exemple que cette ambiguïté légèrement schizophrène est la pancarte scotchée sur un ampli : « The point in life is to see you !!! » (soit « le but de la vie c’est de vous voir… »). Alors que leur chanson What’s the Point In Life clame de manière très noire « I don't give a fuck, do you? / We're all gonna die / … / What's the point in life if we all die? » (« Je n'en ai rien à foutre, pas vous ? / Nous allons tous mourir / … / A quoi ça sert la vie si nous mourons tous ? »), la réponse de Coach Party à leur propre question, c’est que la musique live et la rencontre avec le public donne un véritable sens à tout ça… D’où le sourire permanent sur le visage de Jess, et le plaisir que prennent visiblement les quatre jeunes gens à jouer ensemble…

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Avec 17 chansons dont 9 extraites du premier album, Killjoy, sorti en septembre, le set atteindra une heure cinq - sans rappel, on est punks ou on ne l’est pas - ce qui est raisonnable pour un groupe encore en début de carrière. Débutant fort avec Micro Agression, il passera par une période juste un poil moins emballante, même si le bien connu Can't Talk, Won't (« And when I laugh I start to cry / Someone bury me I'm dead inside / Don't think I will survive » - Et quand je ris, je me mets à pleurer / Que quelqu'un m'enterre, je suis morte intérieurement / Je ne pense pas que je survivrai) réveillera les ardeurs d'un public très acquis au groupe.

Mais à partir de Everybody Hates Me – avec son refrain d’une honnêteté terrassante (« Everybody hates me / I'm boring and unhappy / I really like affection / I'm jealous and controlling » - Tout le monde me déteste / Je suis ennuyeuse et malheureuse / J'aime vraiment l'affection / Je suis jalouse et j’aime tout contrôler) - et July, Coach Party montent nettement d'un cran en termes de puissance déployée. Toute la dernière partie atteindra une intensité magnifique : sur un Breakdown magistral, la pop music qui restait un peu sage de Coach Party se déconstruit… pour notre plus grand plaisir ! Le final est même réellement grandiose avec le déjà classique Feel Like A Girl, irrésistible chanson de haine des comportements toxiques, et le nouveau et très punk Parasite, qui permettent à la petite fosse du Café de la Danse de pogoter dans ce mélange de furie et de gaîté qui qualifie si bien la musique de Coach Party.

Même si nous ne devions pas être plus de 300 dans la salle, nous pouvons affirmer que ce concert proche de la perfection grave encore un peu plus le nom de Coach Party dans nos cœurs.

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