Le journal de Pok

25 septembre 2023

"Dévoré par les flammes" de Laura Sarmiento Pallarés : un fait-divers célèbre et incompréhensible

Dévoré par les flammes Affiche

Avec ce Dévoré par les flammes, on frôle à nouveau les limites – morales, éthiques, artistiques – de l’approche Netflix quand il s’agit d’exploiter, à des fins d’audience et de recrutement de nouveaux abonnés, de faits divers marquants, voire horribles, dans chacun des pays où la plateforme développe de nouvelles œuvres, films ou séries. On sélectionne donc un drame sordide ayant marqué les esprits, ici – on est en Espagne – ce sera le « crimen de la Guardia Urbana » datant de 2017, avec la découverte du corps calciné d’un policier, et la révélation par l’enquête qui s’en est suivie de l’implication de la compagne de celui-ci, et de son amant de longue date, tous deux policiers. Il faut ajouter que le procès des amants criminels fut hautement médiatisé à l’époque, l’affaire présentant un mélange détonnant et sordide de tout ce qui émoustille le public : de la dépravation sexuelle, des bavures policières, un crime atroce et difficilement explicable. Et au centre de tout ce micmac, une jolie fille sexy, Rosa Peral. On crée avec tout ça une mini-série plus ou moins fictionnalisée (cet El cuerpo en llamas) et un documentaire polémique donnant la version des faits par l’inculpée.

Bien entendu, il est impossible de construire un thriller traditionnel à partir de faits réels bien connus, et il suffira au téléspectateur de se rendre sur Wikipedia pour trouver tout seul tous les spoilers possibles. Il ne s’agira donc pas ici de deviner / débusquer les coupables, qui sont connus, mais de nous faire parcourir le trajet de Rosa Peral, de ses débuts dans la police – elle était danseuse / strip teaseuse, a priori – à la planification et l’exécution de l’assassinat de son partenaire, le motard de la police Pedro Rodríguez. Le suspense naît de la découverte progressive du comportement inhabituel, on pourrait dire déviant de Rosa, et de la montée en puissance de sa relation toxique avec son collègue policier et amant Albert López. La mini-série, après un premier épisode laissant encore planer le doute sur l’innocence de Rosa, se concentre donc sur la personnalité manipulatrice, mais surtout très déséquilibrée de Rosa, prenant et jetant les hommes à toute allure, tombant amoureuse instantanément, pour mieux haïr ensuite ceux qu’elle a séduit.

Comme très souvent avec le format sériel, huit épisodes de cinquante minutes sont clairement d’une durée excessive, même pour raconter par le menu une vie aussi complexe que celle de Rosa Peral, et la minisérie aurait pu être réduite de moitié sans aucun problème : la construction laborieuse et assez confuse en flashbacks s’avère souvent irritante, et n’apporte pas grand-chose, si ce n’est de faire « durer le suspense », aussi bien sur le parcours qui a amené au crime – qu’on verra, mais heureusement pas complètement – à la fin, que sur l’enquête qui conduira à l’arrestation, puis au jugement des coupables.

Si le scénario de Laura Sarmiento Pallarés est trop détaillé, la réalisation est suffisamment habile pour faire naître la tension nécessaire. Mais c’est surtout l’interprétation d’Úrsula Corberó, révélée par la Casa de Papel, qui fait tenir la série : elle déploie un mélange de charme et d’intelligence qui rend son personnage réellement séduisant, et effrayant, voire répugnant à la fois, et elle justifie presque le visionnage de Dévoré par les flammes. « Presque », car le vrai échec du projet reste finalement l’incapacité de la mini-série à imaginer, puis à représenter les raisons d’un crime aussi absurde, aussi inutile. Ou alors, il aurait peut-être fallu que la série soit plus ambitieuse, et embrasse pleinement le « vertige métaphysique » qui pourrait nous saisir devant ce spectacle du « Mal » le plus pur. Mais on imagine bien que ce genre d’audace n’est pas dans le cahier des charges établi par Netflix…

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24 septembre 2023

"Cold Wave" d’Adrien Durand : à l’épreuve de la fiction…

Cold Wave couverture

Inutile de présenter ici Adrien Durand, figure que l’on qualifiera sans vergogne d’incontournable du petit monde du Rock français, actif sur de nombreux fronts à la fois : son engagement, son mélange d’intégrité et de recul critique par rapport aux artistes et à la musique elle-même, sa franchise quant à la manière dont sa trajectoire personnelle, faite de hauts et de bas, d’accidents et de belles rencontres, l’a façonné comme « honnête homme » (au sens XVIIème siècle du terme) lui ont valu au fil des années de gagner le cœur d’un public fidèle… Le passage au « roman », à l’œuvre de fiction, annoncé lors de la parution de son dernier recueil de chroniques, Tuer nos pères et puis renaître, avait de quoi nous inquiéter autant que nous exciter. En ouvrant ce Cold Wave – le titre déjà nous rassurait un peu, nous étions a priori en terrain connu -, nous nous demandions un peu, très honnêtement, si Durand avait « ce qu’il fallait » pour relever le défi…


Et il nous faut admettre que les premières pages du livre, avec ces chapitres très courts d’une page en général, portant chacun un titre sibyllin mais accrocheur, nous ont furieusement donné l’impression que Durand continuait à arpenter le même pré carré, sans prendre beaucoup de risques : Cold Wave parle de musique (« postpunk » tendance « cold wave »), d’inadaptation de très jeunes hommes (et femmes) au romantisme noir dans une société peu disposée à les accueillir, ou alors comme bêtes de foire à exhiber, puis rapidement, comme parias à moquer et à rejeter. Ed habite la petite ville de Cerbère (???) en région parisienne, entourée de grandes et mystérieuses forêts, et repère de richissimes bourgeois aux critères furieusement sélectifs : il a bien du mal à survivre dans cet écosystème hostile, armé seulement des disques que son père disparu lui a légué, assortis de critiques succinctes sur des fiches bristol. Monter un groupe, Ligne 13 (« le nom de la ligne de métro la plus pourrie de Paris »), avec sa seule amie, l’étrange Lila, ne débouche sur rien, et le voilà choisissant de démarrer une nouvelle existence de l’autre côté de l’océan, à Montréal… Comme on l’imagine très vite, rien ne se passera comme prévu, et ce d’autant que certains chapitres – le livre n’étant pas construit de manière chronologique – traitent d’un retour à Cerbère qui prend la forme d’un cauchemar éveillé (que par pure fainéantise intellectuelle, nous qualifieront de « lynchien ») !

Comme dans ses précédents ouvrages – non fictionnels – Durand se livre à une critique ironique des « comportements Rock », des musiciens comme des fans, avec un humour absurde savoureux, mais aussi un fond de tristesse littéralement poignante. Et ce qui, peu à peu, va émerger de la lecture – initialement confusante – de ces fragments d’une vie dévastée par la maladie (Ed souffre du syndrome de Marfan, comme Bradford Cox de Deerhunter, pour rester dans le domaine du Rock Indie) mais surtout par une enfance émotionnellement chaotique, c’est que ce que nous lisons n’est pas forcément… réel ! Ou tout au moins reflète une vérité partielle, arrangée pour correspondre aux fantasmes, aux délires, mais aussi aux souffrances du « héros » de cette bien triste histoire.

A la manière du fonctionnement des « films-cerveaux » de Cronenberg, le livre-cerveau de Durand bouscule notre confort de lecteur habitué à confier les rênes à l’auteur du livre qu’il lit : et si Cold Wave, un livre où le narrateur nous ment, à moins qu’il ne soit lui-même abusé par son esprit, était finalement purement et simplement un piège ? Ambigu et mystérieux, le premier roman d’Adrien Durand séduira ceux qui aiment avancer sur les sables mouvants, à leurs risques et périls, et qui ne craignent pas de finir égarés, voire engloutis.

A noter que la mise en page du livre est elle-même peu conventionnelle, Durand s’étant inspiré des travaux de Peter Saville pour les pochettes des disques de New Order… On peut donc dire que, en dépit du court format de ce roman, l’entrée d’Adrien Durand dans la littérature (la vraie, comme disent les autres, ceux qui ne lisent pas de « livres Rock » en général) est une réussite.

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23 septembre 2023

The Murlocs au Trabendo (Paris) le jeudi 21 septembre

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21h : Insensiblement ,le Trabendo s’est bien rempli, et on est bien proche de la pleine jauge lorsqu’Ambrose Kenny-Smith et son gang (dont Cook Craig, également bassiste de King Gizzard) débarquent sur scène. L’ambiance dans la salle est chaude bouillante, avec pas mal d’Australiens et d’Australiennes, visiblement venus là pour autre chose qu’enfiler des perles.

Le set débute avec un enchaînement parfait de titres extraits de Rapscallion, l’avant-dernier album des Murlocs, ce qui est un peu surprenant dans le contexte d’une tournée qui s’articulerait logiquement sur le dernier-né, Calm Ya Farm. Mais peut être Ambrose a-t-il décidé de centrer sa setlist (sept titres seront joués sur les dix-neuf) sur cet album très autobiographique, et qu’il n’avait pas encore défendu en France ? Pas de problème de toute manière, chaque chanson jouée ce soir est excellente : il y a une sorte d’énergie « classic rock », The Murlocs jouant un blues rock mâtiné de country qui semble intemporel, avec une utilisation parfaite de l’harmonica. Mais il y a aussi une pétulance qu’on relie naturellement au glam rock, la voix étonnante d’Ambrose – entre chanteuse soul et Donald Duck - rajoutant un côté « camp » à la musique. Mais surtout, les mélodies sont convaincantes, immédiatement mémorisables et faciles à chanter, ce qui est l’une des grandes forces des compositions du groupe. Et, bien entendu, le gros bonus du live, pour un groupe comme The Murlocs qui maîtrise parfaitement son sujet et joue avec une conviction sans faille, c’est la formidable énergie de l’interprétation !

Oui, la soirée commence très fort, mais ce qui va être frappant, et va peu à peu amener le set à l’incandescence totale, c’est un crescendo d’intensité comme on en voit peu. Ambrose ne semble pas a priori un grand showman, démonstratif et sûr de lui : d’ailleurs ceux qui avaient assisté au début du groupe parlaient d’une certaine timidité, de la part d’un chanteur qui était plus à l’aise peut-être au sein d’une plus grosse équipe comme celle de King Gizzard… Mais cette retenue finalement touchante, voire élégante, du frontman qui ne se livre pas facilement, qui préfère l’obscurité sur la scène (encore un concert où les photos ne sont pas facilitées…) disparaît peu à peu, et toutes les barrières finiront par céder.

2023 09 21 The Murlocs Trabendo (16)

Paradoxalement, après un Living Under A Rock réjouissant, et une première poussée de fièvre sur What’s If, un titre bien aimé du public, c’est le mid tempo de Loopholes, magnifique, qui déclenche une incontrôlable montée d’émotion. Et puis on en arrive à Wickr Man, l’un des titres les plus monstrueux des Murlocs, qui sera joué dans une version très rallongée, avec un final stupéfiant : c’est là que se produit ce basculement total vers l’hystérie, ce moment orgasmique que l’on attend toujours, à chaque concert, et qui se produit si rarement. Tout le Trabendo entre en transe, c’est une explosion incontrôlable, on n’a plus qu’à se cramponner à ce qu’on peut pour survivre : aspergés de bière, piétinés par les Australiens en folie dans le moshpit, on est en train de vivre l’un de ces moments de folie collective qui font le prix des grands concerts. Et ce salopard d’Ambrose renchérit immédiatement avec un Bobbing and Weaving colossal : allons-nous survivre à ce torrent d’électricité ?

A partir de là, toute la dernière partie du set sera un déchaînement sonique : Ambrose a abandonné son petit clavier, et manie la guitare (qu’il partage avec l’un de ses musiciens) avec férocité. Le final garage punk sur Bellarine Ballerina est une plongée dans le chaos total, avant que l’évidence jouissive d’un Rolling On plus souriant ne donne le signal des adieux. Car après une heure quinze de feu, nul besoin de jouer au rituel du rappel : le groupe a tout donné – et nous aussi !

Soyons honnêtes : même fans comme nous le sommes des beaux albums de The Murlocs, nous n’attendions pas une aussi grosse claque en live ! Un pur moment de rock’n’roll, comme on disait autrefois, et la meilleure démonstration en cette année 2023 que le Rock continue à vivre, et atteint même de nouveaux sommets.

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22 septembre 2023

"Un métier sérieux" de Thomas Lilti : à la surface...

Un métier sérieux affiche

On avait beaucoup aimé les films précédents de Thomas Lilti, traitant de sujets professionnels dans le monde médical : comme une sorte d'alternative ludique et "commerciale", plus "grand public" en tous cas, au format documentaire, ces films décrivaient avec une lucidité indiscutable - mais avec une bienveillance très plaisante - les problèmes rencontrés au quotidien par les acteurs du métier... Le tout avec "le minimum vital" de fiction pour embarquer le spectateur.

Un métier sérieux applique la même approche (pourquoi changer une approche qui gagne ?), mais au sujet, peut-être encore plus épineux, de l'Enseignement, dont on sait que, plus encore que la Santé, il est désormais l'une des grandes faiblesses du "modèle français".

Nous assistons donc à une année scolaire complète dans un collège de la banlieue parisienne, où opère une équipe d'enseignants aussi hétéroclite que fusionnelle (donc clairement idéale, voire idéalisée), et que rejoint un jeune homme (Lacoste, impeccable comme toujours) qui cherche toujours sa voie. Pendant cette année, nous allons donc assister un panel de situations "normales" dans la vie du collège, et qui vont, pour la plupart d'entre elles, être soit les symptômes, soit les conséquences de ces dérèglements qui mettent à mal la mission d'enseignement de l'établissement : consignes administratives absurdes, inspection académique hors sol, conflit violent avec un élève en pleine perdition, difficultés techniques d'intéresser les élèves (le tuto YouTube est mis à l'honneur !), confrontations avec les parents, etc. Et puis, car les profs sont des êtres humains, interférences non négligeables des problèmes personnels qui peuvent rendre le professeur incapable d'exercer son métier : l'exemple le plus cruel ici est celui de cette professeur (Louise Bourgoin, très fine, très juste) dévastée par la violence de son fils à elle et ne pouvant plus assumer la confrontation avec ses élèves...

Tout cela est formidable, aussi distrayant (on rit beaucoup, mais toujours AVEC les protagonistes) qu'émouvant (puisqu'on se reconnaît forcément à un moment ou un autre dans ce portrait de groupe...), mais laisse une vague impression d'insatisfaction qui n'existait pas dans les projets précédents de Lilti. Est-ce parce qu'il connaît moins bien le sujet qu'il reste plus "à la surface des choses" ? Ou peut-être parce qu'il veut éviter que son film soit polémique : rien sur l'Islam, presque rien sur la violence entre élèves, rien sur le harcèlement, bref, un métier sérieux évite prudemment les sujets qui fâchent vraiment. Et, ce faisant, se condamne à rester vaguement sibyllin, voire, pire, anecdotique.

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21 septembre 2023

"Mana Blues" de Grant Haua : le blues du rugbyman

Mana Blues

Sur la pochette de son dernier album, Grant Haua, l’un des artistes blues les plus prometteurs du moment – voix superbe, belle maîtrise de la guitare – a tenu à représenter ses deux passions : le rugby, symbolisé par une grimace comme celles effectuées lors du haka rituel de son équipe nationale (eh oui, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Grant est néo-zélandais), et la musique, le blues surtout, électrique souvent, avec la guitare. On va laisser de côté le sujet du sport, on imagine bien qu’en cette période de Coupe du Monde, nul n’est en manque d’articles sur le rugby, et on va parler de la musique contenue sur ce nouvel album, Mana Blues, son troisième.

Ce qui saute d’emblée aux oreilles, c’est la rupture que cet album représente par rapport à ces prédécesseurs, une rupture qui en ravira certains – ceux qui aiment leur Blues bien saignant, voire même énervé – et en frustrera d’autres, ceux que Haua avait particulièrement séduits avec sa face quasi « folk », et sa voix capable de transmettre des émotions ténues.

Dès Pukehinahina, l’intro de l’album, et l’une des deux chansons les plus colériques de Mana Blues, ça barde (et la présence aux côté de Grant de The Inspector Cluzo contribue sans doute à la rudesse du morceau…) : Haua, après une courte introduction en langage maori, déverse sa rage contre la guerre, et ça fait mal, très mal. Pour nous qui sommes ignares en matière d’histoire maori, Pukehinahina fut l’une des principales victoires maoris durant la guerre qui les opposa aux colons britanniques, guerre qui se termina malheureusement par la confiscation des terres indigènes par les envahisseurs. « And on the killing fields, lay the dead in the dying / and the news of their defeat had the politicians crying » (Et sur les champs de bataille, les morts gisaient parmi les mourants / et la nouvelle de leur défaite faisait pleurer les politiciens…). On comprend, on partage la colère de Haua sur l’inutilité, l’absurdité du sacrifice de jeunes vies, et on ne se demande plus où est passé le sage philosophe (enfin, bêtement sans doute, on l’imaginait bien comme ça, sagement assis près de ses racines dans sa Nouvelle Zélande natale…) d’antan ?

Plus loin, dans un registre encore plus sombre, Embers – inspiré paraît-il d’une visite de Grant au mémorial des soldats tombés sur les plages du débarquement en Normandie – est un chant de révolte contre les mensonges dont on nous nourrit pour mieux nous détruire : « They kept us all sedated, you know the reasons are complicated, executed with fervour / They told us we were wrong, but we knew we were right » (Ils nous ont tous gardés sous sédatifs, on sait que les raisons sont compliquées, exécutées avec ferveur / Ils nous ont dit qu’on avait tort, mais nous savions que nous avions raison) !

Bon, ce ne sont que deux titres sur les 10 de l’album, et les huit autres nous permettront – souvent sans baisser d’intensité – de retrouver des facettes soit plus optimistes, plus ludiques, soit même plus hédonistes de Haua (Good Stuff), la seconde face revenant sur les nombreux plaisirs – simples parfois – de la vie, qu’il convient toujours de célébrer : l’amour, la musique (à noter aussi un bel hommage fiévreux à Billie Holliday…).

Mais tout cela en faisant tonner sa guitare électrique de la plus belle façon, histoire de nous ramener quelques décennies en arrière, dans les années 60-70 en particulier quand les guitaristes virtuoses du Blues ont directement inspiré et engendré une Rock music bien lourde et bien enflammée. C’est ainsi que les nostalgiques du grand dirigeable reconnaîtront ici une nouvelle adaptation du célébrissime Time of Dying de Blind Willie Johnson !

Avec cet album peut-être moins « néo-zélandais » (quoi que cela veuille dire, en fait…), sans doute plus universel, Haua paie son tribut aux grands guitaristes US qu’il vénère. Ceux qui, quelque part, sont responsables du fait qu’il ait abandonné une carrière possible de rugbyman pour chanter son amour de la musique. Mana Blues marque-t-il une nouvelle orientation de la musique de Haua, un nouveau départ, ou s’agit il d’un simple pas de côté, d’une simple récréation ?

Le temps le dira, mais en attendant, profitons de cette abondance d’électricité, toujours bienvenue en cette période de rentrée.

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20 septembre 2023

"L’été dernier" de Catherine Breillat : provocation maladroite et cinéma daté…

L été dernier affiche

Catherine Breillat n’a pas été épargnée par la vie, c’est le moins qu’on puisse dire : son retour à Cannes après un AVC et des années où elle a été sous emprise d’un homme qui l’a exploitée, avec un film aussi « différent » de la production française « standard » que l’été dernier, est forcément une raison de se réjouir. Il reste que cette histoire, proche des sujets troubles que la réalisatrice a toujours explorés, avec un goût certain pour la provocation facile, se révèle sur la longueur beaucoup plus anodine, et surtout plus maladroite, qu’on l’espérait.

Breillat exploite ici le cliché le plus usé du porno, celui la belle-mère MILF séduisant son beau-fils – dans l’été dernier, même pas majeur – jusqu’à mettre en péril son couple bourgeois, lorsque l’adolescent se met à prendre visiblement très au sérieux ces parties de jambes-en-l’air avec sa blonde séductrice. Il s’agit donc, à partir du sujet que l’on qualifiera de « semi-inceste » où se mêlent consentement et emprise (mais de qui sur qui ?), justement, de mettre le sexe et l’amour à l’épreuve des compromis bourgeois. Et ensuite ? Eh bien, pas grand chose. L’ambiguïté de certaines scènes, réellement « gênantes » pour le spectateur (et c’est là la principale qualité du film), ne débouche sur aucun véritable drame, mais sur une conclusion en forme de fondu au noir qui montre l’acceptation générale de l’inacceptable. Pour ne pas faire de vagues. Sans d’ailleurs qu’il n’y ait non plus de scandale dans cette hypocrisie, puisqu’il est toujours possible d’y trouver une preuve d’amour.

En fait, si scandale il y a, c’est bien que Breillat ait réalisé un film aussi indécis, aussi tiède, clairement gâché par son retournement final contredisant l’hypothèse séduisante d’une Anne (Léa Drucker) froide manipulatrice : si le point de départ du film laissait anticiper une belle brutalité, l’été dernier ne tient pas ses promesse en la matière.

Et puis il y a ce gros problème d’écriture du film, Breillat doublant son intrigue principale de scènes représentant le travail quotidien de son héroïne, avocate protégeant les personnes victimes d’abus : cette mise en perspective potentielle de ce qu’Anne fait dans sa vie privée par rapport à ce qu’elle défend professionnellement aurait également mérité d’être creusé, mais en l’absence de toute réflexion sur le sujet, on peut même se demander si le but de ces apartés n’est pas finalement de dédouaner notre héroïne, en la présentant comme « femme de bien », par rapport par exemple à son confrère lui extorquant de l’argent contre la menace d’un scandale. Tout cela est définitivement gênant quand on espère un film courageux, ou au moins un point de vue anti conventionnel.

On n’échappe pas non plus à une véritable ringardise dans la représentation des émois amoureux comme des actes sexuels, qui évoque plus le cinéma français bas de gamme des années 70 qu’une quelconque contemporanéité. Ce sentiment embarrassant de regarder du cinéma complètement dépassé est accentué par des dialogues clairement datés XXème siècle, ou en tous cas écrits par des gens qui ne vivent pas dans la vie réelle, et qui ne fréquentent aucun adolescent d’aujourd’hui (Bonitzer a été un grand scénariste, mais il lui faudrait sans doute arrêter !)…

Il reste une raison valable de regarder l’été dernier, c’est la prestation – excellente – de Léa Drucker, et on rêve de ce qu’elle aurait pu nous offrir dans une histoire mieux écrite, et si elle avait été filmée avec plus de talent.

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19 septembre 2023

"Le livre des solutions" de Michel Gondry : L'artiste, ses copains, son nombril et son public...

Le livre des solutions affiche

La réception d'un film, vu en salle, et la perception qu'on en retire sont évidemment - même si on n'en parle pas assez - énormément liées aux circonstances. Le Livre des Solutions a été acclamé à Cannes par une salle toute entière acquise à Michel Gondry, et séduite par la problématique mise en lumière par le film : celle des tourments de l'artiste soumis à une multitude de pressions, venant d'abord des décideurs et producteurs, toujours susceptibles de couper les fonds et de tuer le projet, celle de l'équipe elle-même, acteurs et techniciens... Mais aussi celle, plus intime, plus courageuse de la part de Gondry, des troubles psychologiques de l'auteur, qui sont à la fois générateurs d'idées créatives et obstacles dans leur matérialisation en un objet artistique fini. Tout cela est bel et bien dans le film, et constitue le grand intérêt de l'approche de Michel Gondry, telle qu'on la comprend dans le livre des solutions...

Le problème est que l'expérience est bien différente quand on visionne le livre des solutions dans la salle quasiment vide d'un multiplexe un samedi soir, entouré d'un public qui n'est pas forcément intéressé par les problématiques de l'artiste, mais est là pour rire, pour pleurer, pour s'émouvoir. On voit alors un film qui ne fonctionne que très mal : les gags ne sont jamais vraiment drôles (les deux ou trois qui le sont étaient dans la bande-annonce), les personnages - hormis celui de la tante, avec une Françoise Lebrun touchante - ne génèrent que très peu d'empathie, sans même parler de sympathie, et surtout la logique des comportements comme de l'action (avec l'histoire de la mairie du village, la disparition inexplicable de la productrice Sylvia, la réapparition violente de Samuel...) est extrêmement déficiente. Et le fait de justifier ce manque de structure par une prépondérance de l'imagination me semble un alibi assez faible, pour le coup : dans les meilleurs films de Gondry, comme Eternal Sunshine... évidemment, la qualité de la forme ne contredisait pas la puissance imaginaire du récit.

Dans le cinéma où j'ai vu le film, plusieurs personnes s'étaient endormies pendant la projection (une ronflait même allègrement), et un silence - un peu consterné - régnait entre les couples et les familles qui quittaient la salle. Un signe clair pour moi que Gondry, s'il avait séduit les festivaliers cannois, aura bien du mal à embarquer dans son délire nombriliste et très peu convaincant un public moins acquis d'avance.

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18 septembre 2023

"Chère Petite" d'Isabel Kleefeld : « Je t’aime, je t’enferme… »

Chère Petite Poster

L’une des caractéristiques les plus extrêmes du besoin de contrôle masculin sur la femme – considérée comme pur « objet » de satisfaction de fantasmes -, mais également sur la cellule familiale dans son ensemble, est le recours à la séquestration extrême : au fil des années, des histoires horrifiques ont été relayées, de tortionnaires – parfois pères de famille – ayant enfermé durant de longues années des femmes ou des enfants, utilisés comme jouets sexuels ou / et comme membres d’une « famille parfaite », car totalement privée de liberté, et en particulier de celle de refuser « l’amour » ou les désirs pervers du mâle. L’une des plus connues est celle de Natacha Kamputsch, petite fille autrichienne de 10 ans retenue pendant 8 ans et demi dans un sous-sol : si dans son cas d’éventuels abus sexuels n’ont jamais été confirmés, la volonté de contrôle absolu de l’autre par un paranoïaque instable ouvre indéniablement la porte sur un univers de terreur absolue, auquel il est difficile de ne pas être sensible…

… Et c’est justement ce dont parle Chère Petite, série allemande d’Isabel Kleefeld : de la disparition inexpliquée d’une jeune femme, disparition qui a dévasté famille et amis – dont un inspecteur de police… Une affaire irrésolue qui ressurgit dans l’actualité bien des années plus tard, lorsqu’une femme et une petite fille s’échappent d’un lieu inconnu, où un « papa » les a retenus captifs. S’agit-il de la même personne ? Qui est l’enfant ? Qui est le monstre qui a régi leur vie, à coups de règles absurdes et de cadeaux dérisoires, durant toutes ces années ? Pourquoi cette torture infernale ?

Chère Petite est un thriller – il y a une enquête de police, il y a des énigmes, il y a du suspense et de la tension, il y a même de la violence – mais c’est aussi plus que ça, car on s’intéresse aussi, et rapidement, à l’état psychologique – mais physique aussi – des victimes d’une épreuve aussi extrême. Un peu de syndrome de Stockholm, puisqu’il est vital pour les victimes de trouver une raison d’avoir « vécu tout ça », et beaucoup de trauma – similaire au fameux TSPT des vétérans de guerres sanglantes – dû à l’acceptation prolongée d’une soumission intégrale, revenant à nier complètement leur identité, leur existence…

La grande question que pose Chère Petite, c’est la plus simple mais aussi la plus importante : est-il même possible de revenir à la vie après avoir une telle expérience ? On ne dévoilera pas ici la conclusion du sixième et dernier épisode, qui apporte une réponse (est-elle positive ou négative ? chacun se fera sa propre idée…), mais il est indéniable que Chère Petite va loin, aussi bien dans la description – littéralement accablante – des tourments et des accommodements nécessaires à survivre durant une longue captivité, que dans l’analyse de leur trajet de « retour à la normale ». Avec précision, en prenant son temps, en ne détournant pas non plus le regard mais sans abuser de détails sensationnalistes, la série nous place à la fois dans la peau des enquêteurs, des médecins, des policiers qui font face à l’inconcevable, que dans celle des victimes luttant – ou non – pour conserver un semblant de raison.

Avec une écriture soignée et réaliste (on pourra regretter l’abus de l’utilisation dans l’histoire des ressemblances entre personnages, qui s’apparente à une ficelle un peu grosse), une mise en scène soignée et une interprétation impeccable, Chère Petite s’avère une expérience émotionnelle forte. Et confirme la qualité actuelle de la série télévisuelle allemande, qui n’a – comme on l’avait vu déjà avec Dark – rien à envier aux meilleures réussites US.

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17 septembre 2023

"Le gang des Bois du Temple" de Rabah Ameur-Zaïmeche : l’utopie de la cité

Le gang des bois du temple affiche

Il existe en ce moment une sorte de consensus général sur le fait que le cinéma français vivrait une période de faiblesse après des décennies d’un équilibre réussi entre auteurisme et films populaires de qualité. Ce n’est évidemment pas vrai, il suffit d’aller voir les sorties chaque semaine pour constater que l’effondrement qualitatif est plutôt criant du côté d’Hollywood, mais il fait par contre reconnaître que, sans doute contaminé par la prépondérance de la « forme série TV » – avec le règne sans partage du scénario – même les cinéphiles délaissent peu à peu le cinéma non calibré. Il suffit de prendre comme exemple l’anonymat quasiment total dans lequel végète un réalisateur du calibre de Rabah Ameur-Zaïmeche, et le fait que nombre de spectateurs sont sortis de l’une des trop rares salles parisiennes où on passait le gang des Bois du Temple, clairement désarçonnés par la forme adoptée par un film que l’on pouvait imaginer, d’après le résumé de son scénario, comme « un film de braquage ».

Certes, il s’agit ici d’une histoire très classique de braquage d’un fourgon (appartenant à un riche cheik du Moyen-Orient) réalisé par des professionnels du grand banditisme vivant dans une banlieue, et de ses tragiques conséquences. Et on y verra, sans surprise, un braquage, une réponse sanglante du fameux potentat, et un « règlement de comptes » final implacable. Ou plutôt, on ne verra pas forcément beaucoup de ces péripéties, filmées sans aucun effet spectaculaire, car on verra surtout : un homme qui regarde la banlieue de son balcon, qui ramasse les déchets abandonnés dans les espaces verts de la cité où jouent des enfants, une séance de Pari Mutuel au bar du coin, des enfants à qui on lit des histoires pour les coucher, le plaisir de manger de bons plats faits maison achetés au food truck du coin, etc. etc. D’où les sièges qui claquent dans la salle, de la part de spectateurs se sentant trompés par la marchandise qui ne correspond pas à ce qu’ils attendaient.

Dans le gang des Bois du Temple, on passe sans s’en préoccuper le moins du monde sur tout ce qui constitue normalement l’essence d’un thriller : la planification des actions, l’enquête policière, les machinations du cheik, la préparation de l’intervention finale du fameux Monsieur Pons. Ce n’est pas la peine de nous montrer ça, a dû penser Rabah Ameur-Zaïmeche, puisque nous sommes tous suffisamment nourris de fictions du genre pour remplir nous mêmes les blancs : autant profiter du temps du film pour nous parler des choses importantes, qui est tout simplement la manière dont les hommes vivent.

Ou plutôt la manière dont ils devraient vivre, car le gang des Bois du Temple est avant tout une utopie, celle d’une cité en banlieue qui vit dans la solidarité, l’amitié, le plaisir d’être ensemble. Une banlieue « utopique » donc – une construction composite de lieux filmés sans s’en dissimuler le moins du monde entre la Région Parisienne, Marseille et l’Aquitaine -, qui tente de résister face à la pression continue exercée sur elle par l’extérieur : les riches – symbolisés par le cheik, frêle et maléfique (?) -, la ville bourgeoise où l’on ne va pas, et plus généralement les codes de représentation de cette banlieue tant honnie par les extrémistes de droite. Dans le gang des Bois du Temple, ces stéréotypes n’ont pas leur place, ils sont tout simplement hors de propos. Pas un mot prononcé en arabe (la langue explosera plutôt dans une magnifique, magique scène de concert, dans la dernière partie du film), pas de référence à l’Islam, pas de petits dealers de drogue, pas de violence entre gangs. Car ce n’est pas de cela dont nous veut nous parler Rabah Ameur-Zaïmeche.

Il est important de prévenir en outre le spectateur peu habitué à du cinéma « différent » que le gang des Bois du Temple n’utilise aucune musique extradiégétique, mais bénéficie du coup d’une bande-son extrêmement soignée, portant beaucoup d’attention aux bruits, aux sons des voix, à la respiration du monde. Pourtant, la musique y joue un rôle essentiel, élevant deux longues scènes-clés vers la grâce cinématographique : qu’on enterre quelqu’un et qu’on laisse s’exprimer sa peine en chantant, ou qu’on fête la vie et permette enfin au corps de s’exprimer en dansant au cours d’un concert de raï / electro, la Musique est là.

Terminons en regrettant les références paresseuses des critiques à Jean-Pierre Melville, dont le cinéma n’a vraiment rien à voir avec le film de Rabah Ameur-Zaïmeche, hormis son thème du grand banditisme. Et soulignons au contraire la pertinence des rares personnes ayant relevé la référence – que l’on pense volontaire, mais c’est tout aussi beau si elle ne l’est pas – à Camus et à son Étranger : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » Car s’il est un qualificatif que l’on peut appliquer au gang des Bois du Temple, c’est bien celui de film existentialiste.

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16 septembre 2023

"La Bibliothèque de Daniel Clowes : Eightball" : la réédition de comics historiques de Clowes

Eightball Couverture

"La Bibliothèque de Daniel Clowes" est une nouvelle collection qui a pour mission de regrouper toutes œuvres traduites en français de l’immense Daniel Clowes, l’un des auteurs les plus emblématiques et célébrés de la contre-culture US de la fin du XXe siècle, et le recueil Twentieth Century Eightball compile près de 80 « histoires courtes », sur une centaine de pages, publiées dans la revue Eightball pendant les années 90. Il s’agit là non pas d’inédits en France, mais d’une nouvelle version d’un recueil déjà sorti en France chez Cornelius en 2009.

Pour ceux qui sont surtout familiers avec les œuvres les plus reconnues de Clowes, comme les incontournables David Boring et Ghost World, la lecture de cette centaine de pages s’avèrera probablement une surprise, voire une déception : en pur produit de l’underground, Clowes se livre ici à de la provocation systématique, souvent extrêmement violente, occasionnellement pornographique, vis-à-vis des codes et des stéréotypes de la société US.

Alors qu’on a souvent goûté la subtilité et l’intelligence de ses portraits de jeunes héros affrontant des situations complexes du fait de leur décalage vis-à-vis des règles sociales, Clowes ne prend ici aucun gant : il se livre à des critiques virulentes, voire souvent venimeuses de la société – exprimant parfois un mépris et une haine qui s’avèrent de temps à autre embarrassants. Heureusement, on rit régulièrement devant l’inventivité « bête et méchante » (pour reprendre un célèbre slogan de la contre-culture française de la même époque) dont il fait preuve quand il s’agit, par exemple, de dézinguer l’amour des Américains pour le sport (voir la brillante analyse freudienne du football américain et du baseball…), ou encore de moquer la foi chrétienne. Mais tout le contenu de Eightball n’est pas aussi convaincant, et Clowes tombe régulièrement dans soit des absurdités exagérées, soit dans un nihilisme finalement peu sympathique.

Du coup, s’il est une importante recommandation à faire au lecteur de cet Eightball, c’est bien de le lire à petite dose, quelques pages à la fois, pour ne pas être victime d’un effet de saturation devant la répétition de schémas contestataires qui semblent de plus en plus convenus, épuisants, au fur et à mesure qu’on avance. Car Clowes, évidemment, a toujours été lucide dans ses condamnations, aussi violentes soient-elles, du conformisme et de la stupidité de la société : il prend soin, à chaque fois, de nous rappeler qu’il ne se sent aucunement supérieur à ceux dont il se moque, et de conjuguer l’auto-dérision à la caricature. La première partie de Eightball est d’ailleurs une violente satire contre le milieu même des intellectuels de gauche, des artistes dont il fait partie, et cette lucidité que conserve Clowes par rapport à « là d’où il parle », comme on dit, est à la fois le salut de son art, et ce qui le rend épuisant pour le lecteur.

Techniquement – en particulier au niveau du graphisme, magistral sous toutes ses formes, mais aussi du texte, bénéficiant dans cette édition, d’une nouvelle traduction d’Anne Capuron nettement supérieure aux précédentes -, les strips de Eightball sont admirables, et justifient pleinement la place que Clowes occupe dans l’histoire de la BD. Il est seulement dommage que la lecture de cette compilation soit finalement aussi peu agréable !

Eightball extrait 2

Posté par Excessif à 07:05 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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