RVG au Café de la Danse (Paris) le samedi décembre
21h20 : après un changement de matériel d'une rapidité rare, Romy Vager et son RVG débarquent, marquant un virage à 180 degrés dans l'atmosphère de la soirée. On a ri, on a dansé, place maintenant au désespoir, aux déchirements de l'amour impossible, de la passion éperdue et perdue. Nous étions inquiets, ayant appris l'extinction de voix de Romy la veille (interview annulé !), et les premiers titres ne sont pas rassurants, tant la voix de Romy est à la peine : la grande chanson qu’est Midnight Sun, en intro, en fait les frais… Mais peu à peu, la mayonnaise prend, peut-être que nous sortons aussi de la béatitude dans laquelle Ada Oda nous avait plongés, et le trio qui accompagne Romy, le Romy Vager Group (comme il y avait eu un Patti Smith Group, Patti Smith étant une référence évidente…) est tout à fait en place : le tapis des tourments commence à se dérouler, et nous voilà sombrant dans cette noire mélancolie, parfois – souvent même – furieuse que portent les chansons fascinantes de Romy.
Nous imaginons bien que le déclic puisse s’être produit à différents moments pour d’autres spectateurs, tant cette musique est intime, personnelle, mais pour nous, c’est le terrible Squid qui nous a emportés : « Don’t go back in time / It’s not worth it ! » (Ne revient pas dans le temps, ça n’en vaut pas la peine !) se confirme comme un mantra magnifique à hurler en chœur avec Romy qui se déchire la gorge et l’âme au micro ! Et Romy enchaîne avec Nothing Really Changes et surtout I Used to Love You, une véritable tuerie, émotionnellement. Difficile de ne pas en avoir les larmes aux yeux !
Musicalement, RVG évoque plein de choses, des Smiths, pour le jeu de guitare à la Johnny Marr, au Gun Club (eh oui), pour la transe cathartique du chant de Romy. Si certains se plaignent du « manque d’originalité » d’une musique qui sonne très années 80, nous leur répondrons deux choses : la première est que, au moins, ce n’est pas du post punk ! Et la seconde, c’est qu’il faut faire l’effort de s’immerger dans les textes hantés de Romy Vager pour saisir la force de cette musique.
La fin du concert redescend un peu en puissance, même si Alexandra, réclamé par un fan dans la fosse, reste un grand moment de cruauté masochiste : « Come Monday morning / You may find me dead / You may not find my body / But you might find my head / In a motel closet / or under a motel bed / This is the life that I lead » (Lundi matin, tu me trouveras peut-être morte, tu ne retrouveras peut-être pas mon corps, mais au moins ma tête dans un placard de motel, ou bien sous le lit… c’est la vie que je mène…), on ne s’en lasse pas !
Une heure trop courte, on aurait bien aimé qu’il s’ajoute à cette visite presque complète du dernier album, Brain Worms, le tunnel de la mort, le dantesque Photograph, la conclusion de Feral, le disque précédent. Peut-être la prochaine fois, avec une Romy Vager en meilleure forme physique ?