Anne Clark au Café de la Danse (Paris) le vendredi 8 décembre
20h45 : le groupe, annoncé comme en « format électro-acoustique », accompagnant Anne Clark sur cette tournée, est composé d'un violoncelliste, d'un violoniste, d'un claviériste et chanteur occasionnel (le pianiste, renommé en Allemagne, Murat Parlak), d'un batteur percussionniste et d'un guitariste acoustique. Et il faut reconnaître que la réussite totale de la soirée va venir beaucoup de l'interprétation enthousiaste, chaleureuse et subtile à la fois, qu'ils vont nous offrir des morceaux d'Anne : elle, petite femme discrète vêtue de noir, restera perchée tout au long des 90 minutes de concert sur son tabouret, récitant d'une voix calme et patiente ses très beaux textes. Le tout constitue une sorte de mélange chaud/froid – ou si l’on veut physique/intellect - qui va s'avérer particulièrement efficace, et auquel le public, pourtant pas très jeune, on l’a dit, va répondre de manière démonstrative. Dans cette configuration, la majorité des titres sont très dansants, et auraient même mérité un peu plus de mouvement dans la fosse d'un Café de la Danse bien rempli (dixit une fan américaine se plaignant à la fin du manque d'agitation autour d'elle).
On pourrait pointer – et c’est bien l’unique reproche que l’on puisse honnêtement formuler à ce set qui a conjugué beauté et efficacité - une certaine uniformité des morceaux, jouant régulièrement sur des crescendos « galopants ». Mais ce serait injuste par rapport à la force des émotions véhiculées.
Le sommet de la soirée – qui nous a mis les larmes aux yeux, pas moins – aura été Mriya – An Ode to Ukraine, un morceau au texte terrible sur un pays dévasté par la guerre. Ensuite, le groupe nous offrira un instrumental bien enlevé, presque festif, pour nous réconforter… Mais le finale de cette heure et demie d’un concert qui aura passé comme dans un rêve, marquera en toute logique un retour vers les débuts « cold wave » d'Anne, avec Sleeper in Metropolis, puis Our Darkness en rappel, la programmation froide du synthé (d’époque !) étant rapidement noyée par les déferlements des cordes.
Et, en replongeant ensuite dans la nuit froide et pluvieuse d’un mois de décembre, perdus dans un monde semblant de plus en plus hostile, comment ne pas réciter en boucle les vers concluant Our Darkness, écrits il y a pourtant quarante ans : « Would you walk with me now through this pouring rain? / It used to mingle with our tears then dry the hopes that we left behind / It rains even harder now » (Est-ce que tu marcherais avec moi maintenant sous cette pluie battante ? / Elle se mêlait à nos larmes avant d’assécher les espoirs que nous laissions derrière nous / Il pleut encore plus fort maintenant) ?