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Le journal de Pok
13 septembre 2023

Poussières d'étoile : "I'm Only Dancing" de David Bowie (1974)

Im Only Dancing pochette recto

Ah si seulement en 1974, nous avions pu entendre ce passionnant – et parfaitement réjouissant – double album live qu’est I’m Only Dancing, nous aurions été d’emblée rassérénés après la débâcle du David Live ! Nous aurions ainsi évité la longue attente de Young Americans pour restaurer notre foi en notre idole… Car, en août, sortant juste des premières sessions d’enregistrement de son prochain album, Bowie se sent désormais en confiance pour jouer totalement la carte funky / soul. Il se débarrasse du décor gigantesque de la première partie de la tournée, et revient à l’essentiel : plus de mise en scène théâtrale, mais l’interprétation musicale la meilleure possible de ses chansons. Le groupe est renouvelé, avec l’inclusion du fabuleux guitariste Carlos Alomar et du batteur Dennis Davis (à partir du mois d’octobre 1974). Earl Slick reste, mais l’exubérance de son jeu paraît désormais contrôlée. Quant au sax de David Sanborn, qui dénotait salement dans David Live, il se niche naturellement dans la « nouvelle musique » que Bowie propose désormais. Un détail amusant : ce nouveau groupe tourne sous l’appellation de Mike Garson Band !

La setlist des concerts du « Soul Tour » évacue logiquement plusieurs titres de la période glam – peut-être pas assez, on aurait bien fait sans Moonage Daydream qui n’a clairement plus sa place ici -, et même les titres de Diamond Dogs semblent destinés à être (au moins partiellement) passés par pertes et profits ! Et inclut quatre titres qui viennent d’être enregistrés pour Young Americans : Young Americans, Can You Hear Me, It’s Gonna Be Me et Somebody Up There Likes Me. Quatre titres que nul dans le public ne connaît encore, évidemment, mais qui forment clairement le sommet du concert de Detroit (enregistré le 20 octobre 1974) constituant le set principal de cet album. Particulièrement intéressante est l’interprétation sensuelle et intimiste de It’s Gonna Be Me – un excellent titre qui ne figurera pas sur Young Americans, en dépit de sa qualité -, introduite par une présentation au public de Carlos Alomar qui y livre une superbe partie de guitare.

Avant de poursuivre nos louanges, précisons que le son de l’album est bon, contre toute attente étant donné qu’il ne s’agissait pas d’un enregistrement destiné à être publié, mais que la voix de Bowie continue à être souvent éraillée, cassée, bien loin de sa qualité habituelle : la fatigue après autant d’efforts ou les « side effects of cocaïne » ? Mais cette faiblesse criante joue paradoxalement en faveur de nombre de chansons (comme sur le final de Young Americans, magnétique…). Il est également rassurant de percevoir la chaleur avec laquelle Bowie s’adresse au public de Detroit entre les morceaux, manifestant un véritable plaisir – assez inhabituel pour lui – dans ces interactions avec ses fans.

La nouvelle version de John, I’m Only Dancing, qui sortira en single, totalement soul, est une belle réussite, et placée en second sur la setlist, confirme la pertinence de la nouvelle approche. Parmi les anciens titres, l’intense Sufragette City fonctionne incroyablement bien, boostée par le funk du groupe – avec un saxo et des backing vocals aux petits oignons -, mais dans l’ensemble tout ce qui paraissait artificiel, outrancier dans David Live est maintenant parfaitement harmonieux : il suffit de s’amuser à comparer les très belles interprétations de Rock’n’Roll With Me et de Rock’n’Roll Suicide pour constater les progrès accomplis par Bowie et son (presque) nouveau groupe. De la même manière, il est difficile de ne pas craquer devant un Sorrow qui gagne ici une âme qu’il n’a jamais eue jusque-là.

Curieusement, le set de Detroit, avec Panic in Detroit (inférieur lui, à ce que l’on entendait sur David Live) en rappel, est complété par d’autres titres joués en rappel provenant d’un set à Nashville le 30 novembre, dont le nouveau tube, Knock en Wood, l’inédit – et pas très intéressant – Footstomping, et une amusante citation du It’s Only Rock’n’Roll des Stones ! Le son est plus brouillon, et l’interprétation sonne nettement plus chaotique, traduisant à la fois l’enthousiasme collectif dans la salle, mais peut-être aussi la fatigue d’une fin de tournée.

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