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Le journal de Pok
27 avril 2024

"Crooks" de Benjamin Hessler, Marvin Kren et Georg Lippert : foisonnante et pittoresque…

Puisque nous avons vu plusieurs séries allemandes de bonne, voire de très bonne facture, pourquoi ne pas faire confiance à l’algorithme de Netflix, qui nous recommande le visionnage de ce Crooks, thriller et film d’action d’Outre Rhin ? Mais bien entendu, les choses ne sont pas si simples que ça : dès le début du premier épisode, on se rend compte que, derrière un habillage « à la Tarantino » (foule de personnages pittoresques, scènes extrêmes, second degré apparaissant occasionnellement) Marvin Kren, Benjamin Hessler et Georg Lippert nous vendent du tout-venant du polar classique : cette histoire d’un malfrat retiré des affaires et devenu honnête serrurier par amour, retournant pourtant faire « un dernier coup », qui va évidemment mal tourner et mettre en péril la vie de famille tranquille qu’il s’est construite, on a dû la voir des dizaines de fois déjà !

Heureusement, Crooks a d’autres choses plus marrantes, plus intéressantes à nous montrer, à commencer par son second personnage principal, Joseph, obèse à la force herculéenne mais cœur d’artichaud, souffrant comme un damné parce que son géniteur – le big boss de la mafia viennoise – n’a jamais voulu le reconnaître. Complètement en dehors des radars, interprété de manière truculente par un Christoph F. Krutzler inconnu chez nous, c’est un personnage qui vole toutes les scènes (heureusement nombreuses) où il apparaît ! Et puis, oui, le scénario de Crooks a cela de particulier, de différent, qu’il avance à un rythme effréné, parfois au prix de la vraisemblance de certaines situations. La série semble avoir toujours une longueur d’avance sur ce que nous attendons, nous surprenant par la multitude de tours et de détours qu’empruntent ses personnages, principaux ou secondaires (et il y en a beaucoup), tous pittoresques et plutôt bien croqués.

Débuté entre Berlin et Vienne, Crooks se délocalise rapidement en Italie, puis à Marseille, où une bonne partie de l’action va se passer, alors que nos héros se trouvent pris en sandwich dans une guerre entre gangs marseillais et truands corses. Il est certain que ce n’est pas cette série qui va redorer l’image la cité phocéenne, vu la peinture des quartiers Nord qui y est faite, mais, à condition ne pas prendre tout ça au sérieux, les multiples rebondissements et la fantaisie des personnages placent finalement Crooks dans la catégorie des bons divertissements.

Cela ne veut pas dire que tout soit réussi, et chacun aura sa liste de choses qui rompent le pacte de suspension consentie d’incrédulité : disons que de notre côté, on aura eu du mal à gober le manque de sérieux de la policière berlinoise, et l’amateurisme du chef des gangs marseillais – plus clown que truand. On aura aussi regretté l’épisode final assez bizarre du faux « casse » pour récupérer la coke des Corses saisie par la police marseillaise.

Et puis, quand même, l’idée de conclure Crooks sur la promesse d’une seconde saison tournant autour la pièce inestimable servant de McGuffin à toute l’histoire ne nous enthousiasme pas plus que ça…

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