"Hazel" de Sarah Koskievic : love will tear us apart…
Hazel est un mystère pour le reste de l’humanité, une jeune femme qui condense, de manière littéralement incompréhensible, goût pour l’autodestruction et capacité de séduction, efficace aussi bien sur les hommes que sur les femmes. Tout bascule pour Hazel le jour où elle rencontre Ian, et que se développe entre eux le genre de relation toxique dont personne ne sort indemne. Sous les yeux de Romain, la seule personne qui ait réussi jusque là à l’aimer et l’apprivoiser, Hazel va partir en vrille, sans qu’il soit possible d’imaginer autre chose que le pire comme issue. Sauf qu’Hazel est pleine de ressources…
S’ouvrant sur un premier chapitre surprenant, Hazel est construit comme un long flashback raconté à plusieurs voix – celles des protagonistes principaux, mais également celles de témoins extérieurs occasionnels qui croisent la trajectoire de Hazel, Ian et Romain. Cette narration éclatée – qui peut rappeler le travail de Despentes dans Vernon Subutex – offre au lecteur la possibilité de comprendre les comportements (la plupart du temps extrêmes) mais aussi les motivations (troubles) des acteurs du drame qui se noue, et fonctionne plutôt bien en enrichissant progressivement une histoire qui est foncièrement, sinon banale, du moins, déjà racontée dans moults romans ou films.
L’un des gros « plus » de Hazel est l’écriture de Sarah Koskievic, tranchante, vive, élégante, musicale presque – à l’image des morceaux de rock qui illustrent chacun des courts chapitres du livre. Il est d’ailleurs conseillé de lire chaque chapitre en écoutant la musique suggérée, qui agira comme une BO de film, participant à créer l’ambiance requise.
On sera par contre plus réservé quant au twist final, un procédé tellement à la mode qu’il est devenu fatigant : il n’est justifié et amené que par une accumulation de coïncidences, de rencontres assez improbables entre Paris et Barcelone… sans même parler de la dissimulation dans le récit d’un événement particulier, ce qui constitue une sorte de malhonnêteté narrative visant à créer un effet de surprise assez artificiel.
Il faut aussi préciser que tout le monde ne souscrira pas à la description au premier degré d’un monde de petits branchés parisiens fortunés et dilapidant leur jeunesse dans l’alcool, la drogue et le sexe. Et que nombreux seront sans doute les lecteurs jugeant indécent la complaisance de Koskievic vis à vis du malaise existentiel de jeunes gens favorisés par la vie.
Hazel est certainement un livre qui divisera, mais dont la lecture, qu’on l’apprécie ou pas, révèle une nouvelle plume intéressante.