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Le journal de Pok
1 décembre 2016

Célébrons éternellement le génie d'Hergé : "Tintin T5 - le Lotus Bleu"

Le Lotus BleuJe n'ai pas un rapport facile avec "le Lotus Bleu", souvent pourtant considéré comme l'un des tous meilleurs Hergé (et apparemment classé - en France - à la 18ème position des meilleurs livres du XXème siècle) : je me souviens que, enfant, j'avais été surpris en le découvrant par le graphisme "originel" qui n'avait pas été modernisé (mis à part pour les toutes premières pages, ce qui créait un effet de rupture déstabilisant) et tranchait avec le reste de mes "Tintin"... Mais j'avais surtout été "choqué" par le réalisme de nombreuses scènes (la guerre d'invasion des Japonais, les inondations meurtrières, et même la menace répétée de voir le cou de Tintin tranché !), sans même parler de la personnalité de Tintin, très extraverti - ces sourires, ces explosions d'émotion, cette violence dans les combats (hors champs) à mains nues...

Évidemment nombre de ces "défauts" constituent la singularité de ce "Lotus Bleu" et concourent à en faire aujourd'hui l'un des livres les plus respectés d'Hergé : bien documenté quant à la situation chinoise - Hergé ayant souhaité rompre avec la vision simpliste des civilisations "autres" qui était la sienne jusqu'alors -, mais surtout prenant fermement parti (contre les idées généralement défendues en Occident à l'époque...) des victimes chinoises du racisme européen comme de l'impérialisme nippon, "le Lotus Bleu" est clairement la première étape conduisant à la maturité d'une Bande Dessinée qui va devenir au cours des années suivantes l'une des œuvres majeures du XXème siècle. Du point de vue narration, Hergé développe pour la première fois un grand récit "policier" cohérent - même si pas exempt d'invraisemblances - et relègue l'humour à sa portion congrue (les rudes Dupontd étant à eux seuls chargés d'incarner la part grotesque de ce récit plutôt sombre, voire souvent cruel...).

Finalement, le problème qui demeure aujourd'hui avec ce "Lotus Bleu", une fois qu'on a intégré la part historique et aussi la part auto-biographique du récit (l'amitié avec Chang, qui deviendra, tout le monde le sait, le cœur du fameux "Tintin au Tibet", bien des années plus tard...), on peut quand même se sentir un peu perdus en suivant tous ces allers et retours effrénés de Tintin, qui semble passer son temps ballotté entre les nombreux personnages - bons ou méchants - de cette intrigue complexe, et faisant paradoxalement du surplace jusqu'au dénouement assez surprenant. Finalement, la vraie faiblesse du "Lotus Bleu", c'est que Hergé manque encore de savoir faire dans la construction de ses scénarios, une faiblesse qui sera rapidement corrigée dans les tomes suivants.

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