The Guru Guru à Paul B. (Massy) le samedi 16 décembre
20h30 : la soirée commence par les Belges étranges de The Guru Guru, un groupe qui souffle le froid et le chaud (comprenez l'humour et l'émotion) avec une aisance déconcertante. Le chanteur, Tom Adriaenssens, est, comme la dernière fois où on les a vus, en pyjama et en pantoufles, et monte toujours occasionnellement sur une boîte à lumière qui produit de beaux effets quasiment cinématographiques : ajoutez ça à ses grimaces inquiétantes voire plus, et vous obtenez le commentaire de quelqu'un derrière nous qui évoque le nom de Jack Nicholson dans The Shining. On débute par le rituel tranchage de citron et préparation d'un cocktail... (Lemon-aid, Lemon-cello), et on passe aux choses sérieuses avec l'interprétation d'une bonne partie du dernier album, Make (less) Babies, dans un déséquilibre créatif entre classic rock et avant-garde. Délaissant la tradition punk / noise des débuts du groupe, les deux guitaristes de The Guru Guru nous offrent des parties de guitare remarquables, la section rythmique est implacable et Tom grimace et déclame ses textes avec verve.
Il y a le fantastique Saint Tropez, parfaite illustration du savoir-faire mélodique du groupe, et de son humour souvent à la limite de la gêne, voir du désespoir : « We’re gonna have to sell the house / We’re gonna have to sell the house in Saint-Tropez / ’Cause we’ve got bills to pay up here » (Il va falloir vendre la maison / Il va falloir vendre la maison à Saint-Tropez / Parce qu’on a des factures à payer jusqu’ici !). Lotta Tension, fabuleux, fait monter d'un cran la… tension, mais disons plutôt la pression, et le public répond présent à la sollicitation. Jusqu'à un Joke’s on you (under over) littéralement tétanisant, où Tom se met à hurler et où l'on constate d’un coup que, non, il ne rigole plus du tout : il a les larmes aux yeux, et c'en est bouleversant. Il doit même aller se calmer sur le côté de la scène pour pouvoir reprendre le set. Après ce pic brutal d'émotion, le set s'épanouit sur des chansons plus entraînantes, comme le magnifique Honestly (I Don't Feel Like Dancing), qu’il est impossible de ne pas chanter… Jusqu’à la conclusion baroque – et habituelle - de l'appel téléphonique au management d’un hôtel : « Can I talk to the manager ? It’s about room number nine. I really need to speak to the manager, exactly like we did last time ! » (Puis-je parler au manager ? C’est à propos de la chambre numéro neuf. J'ai vraiment besoin de parler au manager, exactement comme la dernière fois…). 1 heure et 5 minutes étonnantes, emballantes, qui confirment l'originalité absolue et le talent de ces Belges faussement farfelus, et vraiment intelligents : The Guru Guru sont désormais l’un des grands groupes à suivre…