Tiens, voilà un vrai concept, et donc un "concept album" qui fait du sens : le Canadien Rich Aucoin a enregistré son grand oeuvre (et le terme est approprié, ici, au moins !) en parcourant son grand pays d'Est en Ouest, avec l'aide de centaines (?) de personnes, et ce dans des lieux les plus ordinaires et les plus variés. Le résultat a ensuite été monté, ou plutôt assemblé, presque tissé comme une grande fresque qui se déroule en continu devant nous, dans un flux de sensations qui nous submerge, nous élève parfois à des hauteurs vertigineuses, nous ballotte parfois de manière plutôt inconfortable, avant de nous abandonner sur une plage de voix bruissantes, épuisés, déroutés, mais assez séduits par l'expérience. Rich Aucoin présente son travail comme la B.O. d'un film que je n'ai pas été voir, mais on imagine facilement la coulée ininterrompue d'images accompagnant ce torrent d'idées, de sons, de mélodies, à la fois fragmentées et paradoxalement unies dans le vortex conceptuel de "We're All Dying To Live". Les défauts de cette "oeuvre" démentielle sont ceux inhérents à sa démesure : excès de complexité, multiplication souvent exagérée des couches sonores, manque de plages permettant à l'auditeur de reprendre son souffle, et surtout, des références un peu trop envahissantes, qui gênent un peu, tant on frise le plagiat... De Arcade Fire à MGMT, en passant par Bowie et bien d'autres, Rich Aucoin a un petit côté "imitateur doué" dont on se passerait bien. Mais globalement, l'enthousiasme ambiant, la vitalité musicale, l'amour immodéré pour la musique actuelle dont témoigne ce "We're All Dying To Live" emportent largement le morceau.