Oui, "le Prénom", c'est du théâtre (de boulevard) filmé - et pas très bien filmé en plus : ça manque de rythme par moments, ce n'est pas très courageux avec cette introduction à côté de la plaque et ce final à la maternité, histoire de nous faire prendre un peu l'air. Oui, "le Prénom" renoue avec la tradition très française (mais peut-être bien universelle, au fait ?) de laver le linge sale en famille, en "bâchant" à tout va, avec un mélange de méchanceté assez superficielle et de roublardise bien sentie. Non, "le Prénom", ce n'est pas "Carnage"... même si, après tout, ce n'en est pas aussi loin que les critiques bien pensants l'imaginent. Mais, pourtant, "le Prénom" se joue de tous ces obstacles, toutes ces tares, pour nous offrir un vrai beau moment de plaisir : la montée de tension finale est parfaitement bien exécutée, l'interprétation de Bruel est réjouissante, le sentiment de voir la France - la vraie, pas celle qui se rêve supérieure, mais celle qui se complaît dans ses remugles bobos / prolos -, quelques lignes de dialogues bien ciselées qui nous tirent tantôt des rires, tantôt des larmes... tout cela fait qu'on aime vraiment bien ce "Prénom". Ce n'est pas le cinéma de demain, ni même peut-être celui d'aujourd'hui ou d'hier, mais c'est un divertissement joyeux et un peu malaisant dont aurait grand tort de se priver. Non, il n'y aucune honte à aimer ça...