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Le journal de Pok
19 décembre 2022

"Pinocchio" de Guillermo del Toro : pleurer devant Pinocchio !?

Pinocchio affiche

Je déteste Pinocchio. Bon, j’avoue, je n’ai pas lu le classique de Collodi, donc je ne sais pas de quoi je parle, je vous l’accorde. Alors disons que je déteste le Pinocchio de la souris à grandes oreilles : cette ode réactionnaire à l’obéissance et au respect de l’autorité, où le mensonge est honni, où les étrangers sont des forbans, où les nomades sont des criminels, m’a toujours paru insupportable. Et puis, après Disney, il y a eu d’autres versions qui ont toutes soufferts de défauts trop graves pour me faire revoir mon point de vue sur ce conte cauchemardesque (dans le mauvais sens du terme).

Je n’attendais donc rien du Pinocchio de Del Toro, ce mec qui loupe systématiquement tous ces films depuis le Labyrinthe de Pan, sa dernière réussite incontestable. Et je me trouve donc aujourd’hui ravi de devoir affirmer que son Pinocchio – un film d’animation en stop motion - est une vraie réussite, qui me réconcilie à la fois avec les personnages de Collodi et avec le talent du Mexicain fantastique. Qui a quand même bénéficié de l’aide de tout un tas de gens très doués, tant on sait que l'animation en stop motion nécessite une multitude de ressources, et qui ont contribué à la réussite artistique d’un projet qui atteint même, d’ailleurs, l’ambition conceptuelle des grands Pixar.

Car le Pinocchio de Del Toro, c’est, à l’inverse du modèle de Disney, une célébration de la résistance au fascisme (l’histoire se passe au début de la seconde guerre mondiale, alors que les sbires de Mussolini mettent l’Italie au pas), de l’esprit de rébellion et de liberté au sens large, et de l’amour de l’autre, aussi différent soit-il. Le paradigme de l’idéologie de droite est devenu un film de gauche, et ça, ça fait incroyablement du bien. Mieux encore, Del Toro démontre que mentir peut être une façon tout à fait légitime de se tirer de situations impossibles : c’est en mentant et donc en permettant à son nez de s’allonger que Pinocchio sauvera son père, ses amis, et se sauvera lui-même.

On a le droit de trouver certains choix esthétiques discutables – Pinocchio n’est pas un BEAU film -, mais cela ne me semble pas grave quand le fond est aussi riche, aussi stimulant. Et l’animation en stop motion est absolument remarquable, offrant aux personnages et aux situations une réalité d’existence indiscutable. Ce qui explique d’ailleurs combien la conclusion du film, montrant frontalement le vieillissement et la disparition progressive de tous les protagonistes, nous fasse autant pleurer.

Pleurer devant un Pinocchio, je n’aurais jamais imaginé que ça puisse m’arriver !

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