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Le journal de Pok
26 juin 2022

The Bobby Lees à la Maroquinerie (Paris) le jeudi 23 juin

2022 06 23 The Bobby Lees Maroquinerie (22)

21h40 : On aurait tendance à penser qu’il est impossible pour quiconque de jouer après The Schizophonics, mais nous avons confiance en The Bobby Lees, la grosse, grosse découverte de ces deux dernières années, le groupe de punk rock le plus intense émotionnellement du moment. Et ce d’autant que, tandis que Pat et Lety revisitent le passé classique du Rock’n’Roll, The Bobby Lees jouent une musique bien différente, totalement ancrée dans la violence et le mal-être existentiel de 2022. Et la parution récente de leur excellentissime nouvel EP, Hollywood Junkyard, a prouvé qu’ils sont quasiment inégalables dans ce domaine.

« I left my love dyin' / Somewhere down on the way / Stuck on that dead bus and then / Left in a desert way / I'll never get it back, no never get back / My head after what I saw… » (J'ai laissé mon amour mourir / Quelque part sur la route / Coincé dans ce bus mort puis / Parti dans le désert / Je ne le retrouverai jamais, je ne retouverai jamais / Ma tête après ce que j'ai vu…) : le texte sans pitié de Guttermilk, l’une des chansons les plus emblématiques de The Bobby Lees, résume parfaitement de quoi il retourne dans les chansons de l’impressionnante Sam Quartin : la difficulté de garder un minimum d’équilibre mental dans un monde de violence où tout ce qui nous importe finira détruit… pas moins ! Et quand elle chante, quand elle récite ses textes, quant elle hurle sa rage, Sam a le potentiel de devenir l’une des grandes icones rock’n’roll de demain… même si sa souffrance est régulièrement perceptible sur scène, par exemple quand elle a besoin de s’isoler quelques secondes du chaos qui règne…

Bien entendu, la reprise killer de l’hymne – bien oubliée – de Richard Hell, Blank Generation, et son texte remarquable (« I was sayin' let me out of here before I was even born, it's such a gamble when you get a face » - Je disais « laissez-moi sortir d'ici » avant même d’être né, c'est un tel pari quand vous recevez votre visage…) est une référence parfaite, même si trop peu de gens dans la salle la relèveront ! Et puis l’interprétation des titres de l’EP Hollywood Junkyard va encore faire monter le set en intensité : les deux chansons Hollywood Junkyard et Strange Days, peut-être les plus originales du groupe à date, démontrent sans aucune ambigüité la capacité du groupe à aller vers une musique plus ambitieuse, plus forte émotionnellement encore.

Par rapport aux albums, ce qui frappe en live, c’est la puissance incroyable du trio qui accompagne Sam : dans un esprit punk, ils offrent une musique finalement très proche du metal, qui a un impact radicalement destructeur sur l’ouïe et sur le cerveau de l’auditeur. Macky, derrière ses fûts, est un batteur spectaculairement efficace, radical dans sa frappe, mais la petite Kendall nous sort de sa basse un véritable tsunami : une telle rythmique est du pain béni pour les éruptions solos de Nick et pour les vociférations de Sam. Ouaouh !

Conclusion parfaite du set sur un Be My Enemy dont on chante sans retenue le refrain belliqueux, avant le petit bonus de Ragged Way en rappel vite fait, l’horaire prévu étant dépassé…

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