"Obi-Wan Kenobi" de Joby Harold et Hossein Amini : Que la Force soit avec toi ! Encore et encore et encore…
Il était évident qu’après le désastre de la série TV Boba Fett, Disney ne pouvait pas faire pire, ou, si l’on veut, devait absolument redresser la trajectoire descendante de ses adaptations / spin offs de la franchise Star Wars, pour conserver un minimum de crédibilité.
La nouvelle série, Obi-Wan Kenobi, se voit plantée en plein milieu de la période séparant l’Episode III de la saga cinématographique (naissance de Darth Vader, escamotage des jumeaux nouveau-nés Leia et Luke pour qu’ils disparaissent des radars de l’Empire) et l’Episode IV (Leia et Luke sont désormais adultes, et vont se lancer sans rien connaître de leurs origines dans la rébellion contre l’Empire) : ce recentrage au cœur de Star Wars garantit a priori une plus grande fidélité à ses sujets centraux, tels que la survie des Jedi qui doivent se cacher pour échapper aux recherches de Darth Vader, ou encore l’inévitable thème très états-unien de la culpabilité et de la rédemption, le tout troublé par les liens familiaux. Sur ce plan-là, et en s’appuyant sur l’esthétique « classique » de Star Wars, Obi-Wan Kenobi ne prend aucun risque, et s’inscrit dans un indéniable respect de la tradition (y compris en ce qui concerne la légendaire incapacité des Stormtroopers à accomplir quoi que ce soit, voire à simplement tirer correctement !) qui fâchera difficilement qui que ce soit. Le côté négatif de ce choix, et il est loin d’être négligeable, c’est que tout suspense disparaît puisqu’on sait déjà que tous les personnages principaux vont survivre, et quelle sera la situation finale au bout des 6 épisodes : celle que l’on a découverte au début de la « Guerre des Etoiles » en 1977 !
Pour essayer de compenser ce problème majeur d’intérêt de l’histoire, il faut bien tout le talent d’Ewan McGregor, qui s’investit clairement corps et âme pour générer des émotions au-delà du script pas terriblement imaginatif de l’équipe de Joby Harold et Hossein Amini. Second point fort de la série, le personnage passionnant de l’inquisitrice, c’est-à-dire la chasseuse de Jedi, Reva, remarquablement incarnée par Moses Ingram (Jolene dans le Jeu de la dame). A eux deux, McGregor et Ingram sont la principale – la seule ? – raison de regarder cet Obi-Wan Kenobi… qui accumule pas mal de défauts risquant d’être rédhibitoires pour les téléspectateurs les plus exigeants : une mise en scène très télévisuelle – au mauvais sens du terme, pour le coup – qui échouera systématiquement à éblouir l’amateur de space operas, l’erreur de casting d’une gamine trop jeune et à qui on a constamment envie de distribuer des claques, dans le rôle clé d’une Leia qui est sensée avoir 10 ans, et un scénario rempli de trous, d’invraisemblances et de contradictions des plus irritantes.
Le pire est atteint lors d’un dernier épisode qui frôle la catastrophe, avec résurrection incompréhensible, mobile psychologique improbable, retour (noooooon !) du risible Hayden Christensen (et pourquoi pas Jar Jar Binks, pendant qu’ils y étaient ?), et conclusion niaise qui s’étire sur une dizaine de minutes soporifiques. Au mieux, les moins de douze ans auront vibré au combat entre Darth Vader et Obi-Wan Kenobi, à l’issue évidemment prévisible, mais qui nous réveille un peu de notre somnolence consternée.
Répétons-le, Obi-Wan Kenobi est clairement supérieur à Boba Fett, mais s’avère finalement moins efficace et moins divertissant que Mandalorian, ce qui prouve que décliner une nouvelle fois les questions déjà bien trop connues de la culpabilité d’Obi-Wan vis-à-vis de son padawan, du basculement dans la folie d’Anakin Skywalker, ne fait rien avancer du tout.
On annonce chez Disney, parmi une liste interminable de projets qui font peur – comme une série sur Lando Calrissian et une autre sur Ahsoka Tano -, la mise en chantier d’un nouveau film dirigé par Taika Waititi (Jojo Rabbit) dont le scénario n’aurait rien à voir avec les différents fils narratifs créés par George Lucas et développés jusqu’à présent. Alors qu’on approche la célébration d’un demi-siècle de Star Wars, il serait en effet grand temps de passer à autre chose.