"Love, Death & Robots - Vol. 3" de Tim Miller : où est l'amour ?
Notre rendez-vous annuel (désormais) avec la série de courts-métrages d’animation Love, Death & Robots est l’un des plaisirs délicieux qu’offre aux cinéphiles la plate-forme Netflix (même si l’on se demande pourquoi une telle initiative n’aurait pas pu être prises par un producteur prêt à distribuer le projet en salles, tant le résultat est spectaculaire !). Se présentant une nouvelle fois comme compilation de petits films d’une longueur variable, de 7 minutes pour le plus court (Night of the Mini Dead, l’apocalypse zombie en accéléré, en miniature et en maquettes, hilarant !) à une vingtaine de minutes (Bad Travelling, la confrontation entre un monstre marin et un membre d’équipage qui arrive à lui échapper, beaucoup trop gore malheureusement, et décevant en dépit d’une réalisation signée David Fincher !), la « saison 3 » nous offre 9 épisodes comme toujours d’un intérêt variable, mais quasi tous remarquables du point de vue technologique et esthétique.
On regrettera à nouveau l’omniprésence d’une Science-Fiction très traditionnelle, avec ses stéréotypes épuisants : univers mystérieux et dangereux, monstres invincibles, et… violence beaucoup trop systématique. Même si l’on comprend que les espaces de liberté qu’ouvrent à la l’anticipation et les étendues infinies du cosmos à la créativité graphique expliquent parfaitement ces choix – sans parler de leur similitude avec de nombreux jeux vidéo populaires -, regarder à la suite ces 9 petites histoires s’avère pour moins… aliénant ! L’absence d’humour dans la plupart de ces films met par comparaison en lumière les exceptions : outre l’excellent Night of the Mini Dead, la démonstration politique (peu appréciée par nos amis états-uniens, apparemment) sur la stupidité de l’humanité face à la menace écologique de Three Robots : Exit Strategies (nos trois robots poursuivent leur visite post-apocalyptique et dissertent sur les survivalistes, les millionnaires ou Elon Musk !), ou la dératisation vue comme une guerre totale dans Mason’s Rats offrent des parenthèses bienvenues dans le déferlement d’horreur, de violence ou au moins de tension du reste des épisodes.
Il faut toutefois admettre que, malgré ces réserves, les deux plus impressionnantes réussites de cette troisième saison sont certainement The Very Pulse of the Machine, avec sa très belle utilisation du dessin traditionnel (une exploratrice tente de survivre sur une lune déserte en absorbant des drogues qui vont la changer profondément), et surtout Jibaro, sublime récit onirique d’une danse mortelle entre une sirène et un chevalier : malgré la frustration que peut provoquer dans ces deux films une conclusion que l’on peut juger trop hâtive, la splendeur des images nous ravit une fois encore… et nous rend impatients de voir la quatrième saison…
… avec un peu plus d’amour, cette fois ?