Kikagaku Moyo au Festival Lévitation (Angers) le samedi 4 juin
23h10 : On en arrive enfin à la grosse, grosse promesse de ce festival, qui surpasse toutes les autres : Kikagaku Moyo, l’énorme groupe psyché japonais qui a annoncé la fin de sa carrière et effectue une dernière tournée mondiale qu’il ne s’agit, bien entendu, de ne manquer sous aucun prétexte ! Le set de nos « motifs géométriques » (ce serait apparemment la traduction du nom du groupe…) démarre lentement, sur un mode introspectif qui ne laisse pas d’être fascinant : les musiciens sont en cercle, et semblent se concentrer, se soutenir les uns les autres pour trouver la voie qui va permettre à leur musique de naître à nouveau. On remarque évidemment tout de suite que l’un des musiciens, Ryu Kurosawa, joue – debout malgré les dimensions de l’instrument – du sitar, dont il tirera des sons variant du plus traditionnel au plus moderne. L’aspect initialement méditatif de la musique laisse peu à peu place à la construction d'une atmosphère psychédélique qui rappelle fortement celle de King Gizzard (particulièrement dans leurs disques d’expérience microtonale). Et on assiste enfin à l’inclusion de poussées fiévreuses d’inspiration rock plus occidentale, plus classique… Le résultat est spectaculairement beau, émotionnel, et vite très excitant…
Plus le concert avance, plus l'alchimie fonctionne, et le public entre en transe, on voit même des slammers surfer sur la foule, sur une musique qui ne semble pourtant guère encourager ce genre d’excès ! Le plaisir des musiciens est visible, tangible même. Il est difficile de concevoir qu'on assiste à une tournée d'adieu, à la fin d'un groupe, tant on sent l’amitié, la ferveur commune qui règnent sur scène. Les 15 dernières minutes frôlent l'extase, avec un Daoud Popal au charisme redoutable qui prend des parties de guitare littéralement colossales.
On ne veut pas les laisser partir au bout d'une heure, et ils ne veulent pas s'en aller non plus. Mais les timings d'un festival sont malheureusement impérieux, et les organisateurs signalent qu’il est temps d’arrêter les choses sérieuses et de « faire la teuf » sur de l’électro conviviale…