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Le journal de Pok
16 janvier 2018

"Patti Smith - Horses" de Véronique Bergen : Célébration philosophique d'un brasier

couvPATTISMITHDans la belle collection Discogonie, voici une célébration poético-philosophique de "Horses", le premier et mythique album de Patti Smith, l'immortelle pythie de la renaissance du Rock comme engagement politique et moral en 1975. 93 pages très courtes et très denses, parfois un peu ardues du fait de l'érudition de Véronique Bergen, qu'on lira de préférence en écoutant pour la 1001ème fois le disque, de préférence en format vinyle bien entendu (le livre a l'élégance d'offrir deux pages noires de pause pour nous laisser retourner la galette sacrée...).

Le livre ne commence pas forcément bien, la célébration extatique de Patti comme vecteur d'une révolution musicale (le punk rock, pour faire simple) paradoxalement liée à la célébration des tous jeunes Anciens (Hendrix, Dylan, Morrison) semblant un tantinet forcée, tant elle semble refuser le moindre bémol critique. On ne peut alors s'empêcher de craindre le panégyrique béat, la vénération quasi religieuse, alors que, ayant lu "Just Kids" de Patti, on sait bien que la sublime ambition de la jeune poétesse était emprunte d'une toute simple et bien saine foi adolescente en un avenir meilleur.

Heureusement, cette introduction exagérément emphatique laisse place à un décorticage passionnant de chaque chanson de l'album, qui conjugue d'une manière parfaitement équilibrée analyse de texte (et dieu sait que la poésie de Patti le mérite, voire le nécessite !), description plutôt savante du travail musical, et références littéraires indispensables pour situer le travail de Patti au sein de son œuvre toute entière, mais aussi dans le contexte de sa culture et de ses modèles. Dans ses meilleurs moments ("Gloria", "Birdland"), le texte de Bergen éclaire notre compréhension du morceau tout en en accompagnant merveilleusement le rythme et le flux. Dans ses moins bons, on se dit que la (légère) prétention des références n'est finalement que le juste écho des circonvolutions parfois un peu pénibles de la pensée "mystique" de Patti ("Land", que Bergen célèbre comme le sommet de l'album, ce que questionneront ceux qui ne goûtent pas forcément les Cut-ups de Burroughs ou les trips hallucinés au peyotl...).

Bref, ce petit ouvrage est une franche réussite, très loin et très au-dessus intellectuellement des habituelles critiques de disques que nous ingurgitons depuis des décennies. Il constitue surtout un parfait accompagnement à l'écoute éclairée de l'un des albums majeurs de l'histoire du Rock, parce qu'il en retrouve parfois la grandeur hallucinée et la foisonnante complexité. Ce n'est pas un mince exploit !

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