"Vermines" de Sébastien Vaniček : Arachnophobie et banlieues en crise
Etant personnellement un grand fan de films de genre, surtout lorsque, comme chez Carpenter, le maître absolu, il débouche sur des réflexions politiques pertinentes, je ne pouvais pas manquer ce Vermines, film de banlieue réalisé par une équipe provenant de la banlieue, et racontant une histoire - convenue, certes - d'invasion d'un immeuble emblématique de la Région Parisienne par des araignées tueuses. J'ai qui plus est eu la chance d'assister à une avant-première en présence de l'équipe du film, qui m'a permis de découvrir que le réalisateur, Sébastien Vaniček, en dépit du brio de sa mise en scène, n'est pas un cinéphile traditionnel, arrivant déjà équipé de toutes les "bonnes références" : voilà qui constitue une belle surprise, tant on est positivement impressionné par l'intelligence dont il fait preuve dans ce film, son premier. La preuve que, si l'on se pose les bonnes questions sur la manière de raconter une bonne histoire, de faire faire exister à l'écran des personnages crédibles, et d'aller au delà de l'évidence en faisant du film une parabole pertinente sur ce que ressentent face à la société (et à la police) les habitants de ces "cités difficiles", on a des chances de trouver les bonnes réponses.
Vermines commence pourtant assez mal avec une scène dans le désert marocain filmée et montée à l'arrache, qui semble trop sacrifier aux tics actuels de la génération Tik Tok. Mais heureusement, on passe rapidement au film lui-même, qui, classiquement (on l'a dit) va consister en une montée en puissance progressive, les protagonistes enfermés dans leur immeuble étant assaillis par de plus en plus d'araignées de plus en plus grosses dans des espaces de plus en plus réduits et de plus en plus sombres. Tout est juste ici, du contexte social difficile aux relations entre les personnages (même si l'on peut tiquer sur l'histoire de l'amitié rompue entre deux personnages-clés, un peu artificielle), en passant par la juste dose d'humour et par les relations de crainte réciproque avec la police et les autorités dans les scènes finales.
D'une redoutable efficacité et d'une belle intelligence cinématographique, voici une nouvelle réussite du "film de genre français", décidément un souffle d'air frais dans l'hexagone.