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Le journal de Pok
26 août 2023

"Intercepted Message" de Osees : « le poisson a besoin d’une bicyclette ! »

Intercepted Message

Allez, on va risquer une hypothèse, farfelue sans doute mais logique, après l’écoute de Intercepted Message, le nouvel album de Osees qui vient de sortir : est-ce que John Dwyer ne fait pas désormais un petit complexe vis à vis de ses alter egos / concurrents des antipodes, King Lizzard & The Lizard Wizard ? Bon, pas vis à vis de la quantité de musique produite, parce que les prolixes Australiens sont à peu près imbattables, mais au moins de l’approche d’exploration de genres les plus divers ? Car après une phase prog rock / free jazz qui avait laissé pas mal d’entre nous, les fans de la première heure, sur le bas-côté, Osees étaient revenus l’année dernière avec un album roboratif de quasi-pur punk hardcore, et… les voilà, 12 mois exactement plus tard, en train de nous proposer un disque de synth-pop / synth-punk millésimé, avec même de vraies mélodies qui permettent de mieux mémoriser les chansons ! Inutile de préciser que c’est la fête à la maison, car on imagine beaucoup plus facilement comment la plupart de ces titres, assez courts et accrocheurs, vont pouvoir devenir de fantastiques brulots punks comme Dwyer et sa bande d’excités savent nous offrir au cours de leurs concerts brûlants et déjantés ! Bon, allons-y une pour revue rapide ces douze chansons, quasiment toutes passionnantes.

« They’re not so bad for you / All of those drugs you do / And in the future, you / Find something else to do » (Elles ne sont pas si mauvaises pour toi / Toutes ces drogues que tu prends / Et à l’avenir, tu / Trouveras autre chose à faire) : Stunner, imparable, pose les bases du disque : synthés délirants et chant martial, riffs répétitifs, ne sommes-nous pas là dans un titre que Devo n’avait pas souhaité inclure dans son Q: Are We Not Men? A: We Are Devo! pour ne pas être accusés de faire l’apologie de la défonce ? Blank Chems après un démarrage classique / synthétique avec vocaux exaltés, rappelant les plus beaux délires de la synthpop des années 80, dérape dans une expérimentation fascinante, qui pourrait, pour une fois, durer plus que les quatre minutes imparties.

Intercepted Message est – logiquement puisqu’il a donné son titre à l’album – la chanson la plus évidente, là encore clairement dans la ligne frénético-dingo de Devo, mais est avant tout un cri d’alarme : « The system wants you to feel free / But you’ll not succeed, yeah, you’ll not succeed » (Le système veut que tu te sentes libre / Mais tu ne réussiras pas, non, tu ne réussiras pas). Die Laughing commence par dans un tribalisme caricatural, avant d’être transpercé de déchirures électroniques et de notes de guitare stridentes : c’est R2D2 et C3PO qui traversent la jungle des Ewoks, cette affaire, encerclé par les troupes de l’Empire ! Unusual & Cruel est une ritournelle – oui, une ritournelle – réjouissante et facile à chanter, portée par des roulements de batterie incessants et dérapant de temps en temps vers une sorte de n’importe quoi psychédélique : c’est fois, on image bien que Syd Barrett aurait survécu aux drogues et se serait exilé en Californie pour proposer ses chansons à John Dwyer… et c’est un immense compliment de notre part, là encore !

« Stop ! Fuck » hurle John pour interrompre et relancer la machine en folie qu’est The Fish Needs A Bike, qui a tout pour devenir l’un des grands moments de folie des futurs concerts de Osees. Répétition insensée de phrases délirantes sur un rythme frénétique, traversé de déchirures tantôt électro, tantôt free jazz : c’est la seconde face de Fun House si les Stooges avaient été shootés au gaz hilarant plutôt qu’à la poudre blanche. Irrésistible !

Goon semble un retour aux racines hardcore de l’album précédent, mais les vocaux farfelus introduisent un grain de folie absurde qui font basculer la chanson du côté de lunatiques soumis à un excès d’électro-chocs pour pouvoir supporter la vie quotidienne : « A goon in the daytime / A goon in the night / Oh, what am I doing? / I’m doing alright / A regular haircut / A sensible suit / A general idea / Of general pursuits » (Un crétin le jour / Un crétin la nuit / Oh, qu’est-ce que je fais ? / Je vais bien / Une coupe de cheveux normale / Un costume raisonnable / Une idée générale / Sur des activités ordinaires).

Chaos Heart, avec son stomp entraînant, ses « wo oh oh », et ses motifs de guitare / synthés glissants, dénote chez Dwyer un attrait pour le glam rock qu’on connaît plus chez Ty Segal, mais qui lui va bien : presqu’une chanson pop ! Submerged Building continue dans le même registre, et place Intercepted Message parmi les albums les plus – allez on ne va pas dire « commerciaux », on n’en est pas là -, mais au moins listener-friendly de Osees : 2 minutes quarante neuf de pur fun, traversées par un synthé joueur.

Sleazoid Psycho remet un coup de pression : speedé comme on aime, voilà un punk rocker synthétique et bien marteau qui va engendre de beaux pogos dans les salles de concerts : numérotez vos abattis ! Aways At Night est l’unique titre long de l’album (plus de sept minutes) et… surprise, il s’agit d’une sorte de ballade presque classique où Dwyer chante avec soin une belle mélodie ample sur un lit de synthés. Disons qu’on est du côté des Stranglers de European Female (ce qui concorde avec la mention dans les paroles de l’année 1983 !), ce qui est une excellente nouvelle, mais s’avère réellement surprenant de la part de Osees.

Et l’album se termine par les deux minutes faussement élégantes de LADWP Hold : on croit être dans la BO du générique de fin d’un film de série B halluciné et jouissif, il se trouve qu’on est en train de simplement écouter le répondeur d’une quelconque multinationale ! « Your call is supa dupa important to us, a representative will be with you shortly ! » (Votre appel est super important pour nous, un représentant s’occupera de vous sous peu !).

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