"Spider-Man: Across the Spider-Verse" de J. Dos Santos, K. Powers et J. K. Thompson : sweet emotion
La sortie de Spider-Man : New Generation, il y a 5 ans (déjà !), avait instantanément ringardisé la quasi-totalité des films de super héros parus et à paraître, grâce à une esthétique révolutionnaire qui ne privait pourtant pas le film de cette émotion dont les productions standards sont tellement dépourvues. Avec Spider-Man : Across the Spider-Verse, on a envie de reprendre à l'identique nos louanges pour ce second volet de ce qui se dessine comme une nouvelle trilogie, un volet dont la seule grande faiblesse est justement de ne pas se boucler narrativement et de nous laisser suspendus dans l'attente d'une suite.
Si l'on est a priori plus que circonspects vis à vis d'un concept aussi bidon que celui du "multiverse", qui permet surtout aux scénaristes fainéants de raconter n'importe quoi en toute impunité, on réalise vite que le wtf généralisé de l'histoire n'impactera pas négativement notre plaisir. Au contraire, cette promenade incessante entre des univers dissemblables force les concepteurs des images à multiplier les styles, les textures, les couleurs, ce qui ajoute à notre enchantement. Entre la partie indienne de l'histoire, qui évoque Bollywood, le graphisme punk très années 70 du Spiderman "no future", l'univers mental instable de l'héroïne, et le grand délire - souvent très drôle- des scènes au QG central, on en prend plein les mirettes !
Bien sûr, comme tous les films du genre, Spider-Man: Across the Spider-Verse a une bonne demi-heure de trop, et la volonté de surpasser systématiquement son prédécesseur le prive de moments de respiration dont le spectateur aurait bien besoin. Bien sûr, les aphorismes habituels au genre sur la responsabilité, la transmission familiale, etc., bref tout ce BS états-unien est là pour nous irriter, mais globalement, on vibre pour des héros qui restent paradoxalement très humains, et on profite des images splendides. Et c'est déjà énorme !