"The Mandalorian - Saison 3" de Jon Favreau : « This is (NOT) the Way ! »
Pourquoi The Mandalorian est-elle devenue la série Star Wars préférée de toutes ? A cause de la médiocrité des autres ? Pas faux, même si Andor était une belle réussite… Gageons plutôt que c’est parce qu’elle reprenait de manière particulièrement bien sentie, et en respectant les codes de l’univers créé par George Lucas, le principe déjà bien connu du tueur sans pitié, professionnel froid et efficace, accompagné par un enfant qui lui permet de manifester l’humanité que son travail lui interdit, et avec lequel il développe une relation paternelle ou au moins émotionnellement forte. Bref, sans citer Léon ou The Last of Us, bien sûr, on ne peut s’empêcher de noter la référence à la série de films japonais Lone Wolf and the Cub (Baby Cart), où le bébé suit le samouraï déchu dans son chariot / berceau… Il suffit de rajouter le quotient élevé de « cuteness » (« mignonerie » ?) de Bébé Yoda / Grogu, le charisme vocal de Pedro Pascal – pas si éloigné de celui de Clint Eastwood, une référence qui ne fait pas de mal en la matière – et le tour est joué.
On se demande donc ce qui a pris Jon Favreau et son équipe d’abandonner tout ça et de réduire Mando et Grogu à des rôles de figurants dans une histoire qui est avant tout celle de Bo-Katan Kryze et de la planète Mandalore ? Avec pour résultat une saison qui part dans tous les sens – en particulier dans un (peu intéressant et finalement inutile) épisode consacré au Dr. Pershing – et perd surtout beaucoup de l’esprit ludique et enfantin si agréable des précédentes…
Alors oui, il y a de beaux combats aériens / spatiaux, des batailles rangées ou volantes spectaculaires (la belle idée des jetpacks, dont on se demande du coup pourquoi personne n’y avait pensé avant), un superbe méchant, Moff Gideon, presque digne de Darth Vador (Giancarlo Esposito reprend son personnage de Breaking Bad / Better Call Saul, avec le brio qu’on lui connaît). Et les effets spéciaux sont clairement montés d’un niveau en qualité, ce qui rend d’ailleurs Grogu plus réaliste…
Mais tout ça pour quoi faire ? Sans doute pour mieux intégrer les fils narratifs dans la grande toile Star Wars que Disney a décidé de tisser après le démarrage raté de la troisième trilogie. Et donc pour préparer les prochains films, quitte à sacrifier au passage le charme de sa série phare… Le problème est que, dans cette perspective aussi, la saison ne débouche finalement par sur grand-chose : le fameux sabre noir est détruit de manière ridicule, les clones sensibles à la force créés par Pershing carbonisés sans autre forme de procès, Moff Gideon probablement liquidé lui aussi… Pire encore, les Mandaloriens perdent largement leur aura lorsqu’ils se prennent une « dégelée » par des storm troopers équipés des mêmes armures qu’eux, sans parler du fait que la compréhension que nous avons désormais de la planète Mandalore en détruit aussi le mystère.
Sur ce champ de ruines narratif ne subsistent finalement que Mando et Grogu, heureusement replacés au centre de l’action dans un dernier épisode qui aurait gagné, lui, à être plus long. En espérant que la dernière scène, bucolique, du repos des guerriers, ne marque pas la fin de la série TV, on espère justement que la perspective de nouvelles aventures de Mando chasseur de primes accompagné de son nouvel apprenti – évoquée dans un dialogue de l’épisode – se matérialise dans une saison 4… Une saison qui nous permette aussi de voir à nouveau le visage de Pedro Pascal, qui n’était a priori pas présent physiquement cette fois sur le tournage, occupé qu’il était par The Last of Us, et qui n’a fait que du doublage vocal.
Au diable le « Star Wars Cinematic Universe », nous, on veut la suite des aventures de « Baby Cart dans l’espace » !