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Le journal de Pok
28 août 2020

"Enragé" de Derrick Bote : Russell Crowe en fou du volant !

Enragé Affiche

Il faut bien admettre que, si ce n'était la pénurie de nouveaux films "de pur divertissement" dans nos chères salles post-confinement (... parce que nous avons, heureusement, quelques bons films d'auteurs du monde entier), nous n'aurions même pas parlé ici de "Enragé" ("Unhinged" en V.O., soit "hors de ses gonds", ce qui est un peu plus juste). Sans doute ne serions-nous même pas allés le voir. Ou alors peut-être bien que si, tout simplement parce que nous ne manquons pas un film avec Russell Crowe, acteur monstrueux embarqué désormais dans un défi de prise de poids homérique, qui rappellera aux plus anciens d'entre nous celle d'Orson Welles, pas moins.

Car Russell Crowe est un ACTEUR, un vrai, mais c'est aussi une STAR, une vraie : un seul de ses regards assassins réduirait en gelée tremblotante à peu près n'importe qui, et c'est donc un vrai plaisir de le voir jeter des regards assassins, justement, tout au long de "Enragé". Un plaisir mêlé d'une vague souffrance à penser qu'un mec de ce calibre (superlatif) en est réduit à jouer dans un film de calibre (péjoratif). Car un film qui commence plus ou moins par des vidéos d'accidents repêchées sur YouTube, on se doute bien qu'il ne va pas voler très haut.

Pourtant, avant de devenir un peu n'importe quoi au bout de trois-quart d'heure, de perdre tout intérêt en sombrant dans une nième version de la vengeance d'un psychopathe et en se concluant de manière particulièrement risible, le scénario de "Enragé" a assumé plutôt bien son mix sans vergogne de "Duel" de Spielberg - lutte à mort de véhicules sur la route - et de "Chute Libre" - Mr. Tout-le-Monde pète les plombs, mais n'aurait-il pas de bonnes raisons de le faire ? Si l'on oublie un instant son moralisme à deux balles, jamais très loin du réactionnaire (les gens sont insupportables d'agressivité, la politesse se perd chez les jeunes, les femmes sont infidèles et nous plumeront grâce à leur saloperie d'avocats, etc. etc.), on peut prendre plaisir à cette montée progressive en tension et ce déchaînement relativement contrôlé de rage. Sans doute faut-il sortir de la salle après la scène du diner, puisque, à partir de ce moment-là, la tension - toujours très cinématographique - s'est transformée en déchaînement de violence, et le film perd tout le peu d'intérêt qu'il avait.

Nous n'avons pas parlé ici de la mise en scène de l'inconnu Derrick Borte, mais c'est parce qu'il n'y a absolument rien à en dire. Nous lui conseillerons néanmoins d'aller voir le sketch au scénario similaire des "Nouveaux Sauvages" de Damián Szifron, cela pourrait lui rappeler qu'il existe d'autres manières de bien raconter une histoire que l'éternelle pyrotechnie stressée hollywoodienne.

PS : Mesdames (et messieurs !), n'oubliez pas qu'il est DANGEREUX de se maquiller en conduisant, même dans un embouteillage !

 

 

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