Mars Red Sky sur la terrasse du Trabendo le mardi 25 août
21h10 : le trio de Mars Red Sky a déjà atteint un joli niveau de popularité, si l’on se base sur la petite foule très, très fan du groupe, massée devant la scène, qui va encourager en permanence les musiciens, et contribuer à une ambiance générale chaleureuse et amicale. Pourtant, pour qui n’est pas familier avec la musique des Bordelais, et pourrait être attiré par l’étiquette “stoner” collée – à notre avis trop hâtivement - au groupe, il y a de quoi être surpris de prime abord. Si le power trio formé par Mathieu – batteur apocalyptique fascinant -, Jimmy – bassiste colossal et, ce qui ne gâche rien, plutôt drôle – et Julien – chanteur guitariste fluet au look un peu décalé par rapport à ses deux acolytes – joue lourd, puissant et fort, il nous paraît bien simpliste de raccrocher leur musique à la galaxie dont Queens of the Stone Age seraient l’un des soleils les plus brillants…
Car Mars Red Sky ne joue pas la carte de l’excitation, ni celle de la mélodie accrocheuse, mais plutôt celle d’une musique finalement assez atmosphérique, complexe, à la lenteur étonnante, voire perturbante. La voix, haute, presque féminine par moments, de Julien, détonne, elle aussi, par rapport aux canons du genre, et contribue beaucoup à la singularité, et donc à l’intérêt d’un groupe décidément beaucoup plus “à la marge” qu’on pourrait l’attendre. Le dernier album, “The Task Eternal”, paru l’année dernière, accentue encore cette tendance à l’abstraction : sombre, lourde et comme épuisée, cette musique peut autant fasciner qu’ennuyer, et ne tolère finalement pas une écoute superficielle. A un moment du concert, nous nous sommes même dit que finalement, cette démarche, remarquable, de Mars Red Sky, s’apparentait plus, sous le déguisement d’un faux metal très heavy, à celle de groupes prog ambitieux des années 70, comme King Crimson ou Van der Graaf Generator… et de notre part, c’est un vrai compliment !
On se laisse donc – ou pas, suivant les spectateurs – happer par ce magma presque monstrueux de sons colossaux, portés régulièrement vers l’éther par les interventions vocales de Julien, et le temps semble littéralement suspendre son vol ce soir sur la Terrasse du Trabendo. Au bout d’une bonne heure à explorer les morceaux de “The Task Eternal”, le groupe annonce que la fin du concert sera consacrée à des titres plus anciens : on sent les fans vaguement soulagés… même si l’un, à côté de nous, prendra la peine de rassurer le groupe : « Bon, ça ne veut pas dire que vous nouveaux morceaux sont moins bien, hein ?... ». Et de fait, les vingt dernières minutes du set seront plus accessibles, plus directes, plus immédiatement excitantes.
Il est un peu plus de 22h30, le concert de Mars Red Skies se termine majestueusement au milieu de bourrasques de vent qui déferlent sur le Parc de la Villette. On se sent presque assommés par cette démonstration de force d’un groupe réellement hors du commun.
Encore une belle soirée Take Me (A)out ! Encore une nouvelle raison d’aimer la musique que jouent les groupes français de 2020, COVID19 ou pas !