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Le journal de Pok
15 août 2020

"On&On" de Daniel Blumberg : On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&On&

On-and-On

Ne nous mentons pas à nous-même, il était impossible, voire certainement pas souhaitable, que Daniel Blumberg mette dans son second album solo depuis la séparation de Yuck la même douleur déchirante qui avait fait de "Minus" une expérience émotionnelle saisissante. Après tout, un album ne devrait pas satisfaire nos attentes excessives au prix de la santé mentale ou même tout simplement de l’équilibre sentimental de l’Artiste… même si une certaine perversion inhérente au Rock nous a régulièrement amenés à vénérer les musiques créées dans la douleur, voire l’agonie…

Ceci évacué, nos attentes ramenées à un niveau plus raisonnable, "On&On" est un digne successeur à l’insurpassable "Minus". Plus conceptuel peut-être, en particulier dans la façon dont Daniel construit et déconstruit son "On&On" au long de quatre versions en forme de fil rouge le long de l’album, de "On&On à On&On&On&On&On"… Tout aussi déroutant dans la manière dont il pousse sa Musique sur le terrain peu familier de l’improvisation, à la manière des musiciens jazz, mais sans la maîtrise technique inhérente à ce genre. Tout aussi éprouvant parfois pour une oreille habituée à des sons plus conventionnels, tant il joue sur la dissonance (en particulier d’emblée sur l’exigeant "Sidestep Summer", mais surtout sur le magnifique "Silence Breaker", qui se hisse très près des sommets de "Minus", d’ailleurs…)…

Pourtant, cette audace est tout sauf de la provocation, mais semble désormais la façon même dont Daniel construit ses « chansons », en une sorte d’offrande intense à sa vision très ambitieuse de l’Art. Pourtant, on retrouve dans "On&On" quelques accents plus confortables – si l’on ose dire – à l’oreille de l’amoureux du Rock : "Teethgritter", aussi déviant puisse-t-il sembler avec ses dérapages, n’est pas si loin, avec son harmonica grinçant et sa voix qui part en vrilles, du Neil Young déchiré de "Tonight’s The Night" ; "Bound", la magistrale pièce centrale de l’album, semble un écho juvénile au travail pop abstrait engagé par Henk Hofstede dans les deux derniers albums – difficiles – des Nits.

Bref, entre sa volonté très « nouvelle vague » d’intégrer dans sa texture des accidents d’enregistrement (tel bruit surprenant ici, tel erreur d’un musicien là) et un indéniable savoir-faire pop classique qui nous charme pendant quelques secondes avec une mélodie poignante qui se dissoudra très vite, Daniel Blumberg réalise un autre album parfaitement fascinant. Parfaitement accompli et parfaitement instable.

Daniel Blumberg confirme ici qu’il est désormais un artiste exceptionnel. Unique.

 

 

 

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