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Le journal de Pok
26 mars 2020

"Uncut Gems" de Bennie et Josh Safdie : bad fellas...

Uncut Gems affiche

On commence à voir de plus en plus de réalisateurs influencés par Scorsese, et c'est sans doute logique tant il s'agit là de l'un des "auteurs" (au sens français de la "politique des...") les plus importants de notre époque, et le nouveau film des Frères Safdie, "Uncut Gems", réservé à la plateforme Netflix, confirme la pertinence de cette approche formelle appliquée à d'autres sujets que les contes mafieux moraux du grand Martin. Bien sûr, on nous rétorquera que l'apparition au générique du nom de Scorsese dans la liste des producteurs explique - au moins partiellement - cette similitude de styles, mais ce serait faire un affront au talent de Bennie et Josh Safdie déjà évident dans leur très beau "Good Times* que de les traiter de simples applicateurs d'une "forme" inventée depuis longtemps par un génie.

"Uncut Gems" est terriblement impressionnant de par le maelstrom de sensations qu'il crée, de son démarrage "hystérique" à son final douloureux pétrifiant. Mais la virtuosité de la mise en scène, les dérapages fous ou malaisants, la performance - remarquable - de Sandler qui réussit à injecter dans le film une humanité "paniquée" bluffante, ne sont jamais des éléments démonstratifs, ou gratuits, comme par exemple chez le premier grand "copiste scorsesien", Paul Thomas Anderson. Tout est ici au service d'un récit formidablement tendu qui, s'il lui manque la profondeur du contexte culturel que l'on trouve dans les meilleurs films de Scorsese (on remarquera quand même que les Safdie tentent dans la seconde partie du film - la meilleure - de développer la perspective "juive" pour l'enrichir sur ce point-là...), évite les pièges du thriller facile pour devenir une sorte de portrait abstrait d'un "homme pressé", qui se perd dans la fascination de son propre talent de "jongleur" et ne vit qu'à travers son addiction au risque.

Il faut reconnaître que la première moitié du film se révèle asphyxiante, voire épuisante, et peut décourager le spectateur par son flux incessant de paroles, d'informations, de stimuli. Il serait dommage de ne pas faire confiance aux Frères Safdie et de ne pas persévérer tant le film grandit au fur et à mesure qu'il avance. Et tant il devient extraordinaire même dans sa conclusion tétanisante, combinant plusieurs idées remarquables : le confinement dans le sas d'entrée de la bijouterie, le transfert du suspense vers l'écran de télévision et le match de basket, la cristallisation du rôle de la maîtresse, un personnage que l'on a eu tendance à négliger jusqu'alors...

Même s'il n'est pas totalement réussi, du fait d'excès - la promenade de la caméra dans un colon ou dans un trou dans une tête, difficilement justifiables quand même - et de quelques stéréotypes dispensables, "Uncut Gems" est une formidable proposition de Cinéma de la part de deux jeunes auteurs dont on peut désormais parier qu'ils iront très loin.

 

 

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