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Le journal de Pok
12 juillet 2019

"Toy Story 4" de Josh Cooley : independance day !

Toy Story 4 affiche

On n'y croyait pas, ou plutôt on n'osait pas y croire. Il y avait eu le sommet conceptuel et émotionnel de "Toy Story 3", qui bouclait avec une profondeur insensée la réflexion de la série sur, pour simplifier, "comment accompagner nos enfants au fur et à mesure de leur développement", soit un sujet quand même fondamental pour quiconque est père ou mère. Depuis, le génie de Pixar s'était régulièrement dissout dans la machine Disney, ne ressurgissant plus qu'occasionnellement, voire partiellement. On est donc allé voir "Toy Story 4" un peu à contre-coeur, en craignant le pire. Pour en ressortir, une heure trois-quarts plus tard, littéralement enchanté. Que s'était-il donc passé ?

Allons à l'essentiel : nul besoin de mentionner le saut quantique de qualité d'animation, une fois de plus, puisque c'est l'essence même de Pixar que d'avoir en permanence plusieurs longueurs d'avance sur tout le monde. On s'émerveille donc, mais on sait très bien que le grand cinéma n'a pas grand chose à voir avec une quelconque qualité d'image. Il nous faut des émotions. Et il nous faut surtout du "grain à moudre", de l'intelligence. Et une fois encore, Pixar délivre impeccablement dans les deux registres. Sans jamais sombrer dans le sentimentalisme - à l'image des films de la "maison-mère" quand même spécialiste en niaiseries conformistes -, "Toy Story 4" est un vrai, un grand "Pixar-film" en ce qu'il fait naître en nous une émotion réellement profonde, parce que non basée sur des réflexes pavloviens face à des situations clicheteuses, mais parce qu'engendrée par un véritable questionnement de nos valeurs et de notre "purpose" : la question de la loyauté était ainsi au coeur des deux premiers "Toy Story", tandis que le "sens de l'existence" était la grande interrogation du troisième film. La superbe surprise de "Toy Story 4", c'est - de manière assez inattendue pour un film américain familial - de dire que le sacrifice (d'un père vis avis de ses enfants, d'un ami pour un autre ami...) ne saurait suffire à une existence. Qu'il y a un moment nécessaire où il faut vivre, aimer, partir, prendre le risque de renoncer à toutes ses certitudes, ne plus être un père ni un ami peut-être, pour suivre un autre chemin. Et cette réalisation de l'indispensable indépendance, cette libération littérale vis à vis d'une vie d'engagements, toute douloureuse qu'elle soit, eh bien elle libère l'autre aussi, ou plutôt tous les autres que l'on a liés à soit par la force même de son engagement. Sacré programme, d'une complexité et d'une subtilité qui font une fois encore honneur à la bande à Lasseter, dont on pense bien déceler la marque ici (le scénario original étant de lui...) !

S'il y a quelques faiblesses dans "Toy Story 4", qui l'empêchent d'atteindre le statut de chef d'oeuvre absolu, elles résident surtout dans une certaine répétition mécanique de situations spectaculaires déjà vues - voire revues - dans les trois films précédents, alors que la profonde rupture dans le "thème" du film aurait peut-être mérité une rupture équivalente dans la narration : c'est toutefois un défaut mineur, car il est largement compensé par la superbe inventivité apportée par les nouveaux personnages, de l'hilarant cascadeur canadien à la bouleversante Gaby Gaby, cette poupée défectueuse qui constitue certainement le meilleur "méchant" de la quadrilogie.

Pour finir, deux conseils : d'abord voir absolument - et comme toujours - le film en VO, car l'interprétation de Tom Hanks est encore plus exceptionnelle qu'à son habitude, et toute la complexité du personnage de Woody, héros americain étouffant et étouffé, est incroyablement incarnée par le travail vocal de Hanks. Ensuite, bien rester jusqu'au bout du générique de fin, pour ne pas manquer les dernières scènes qui referment impeccablement la saga, jusqu'à une ultime question (un peu méta, peut-être ?) renversante de Forky, l'ex-déchet devenu jouet : "Mais pourquoi suis-je vivant ?". Une question qui génère une multitude d'autres interrogations, les philosophes vous le diront, mais à laquelle on espère que Pixar continuera à chercher, encore et encore, la meilleure réponse possible.

 

 

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