"Don't Let Go" de Harlan Coben : black site
S'il semble que nul roman de Coben ne puisse se soustraire à la règle de fonctionnement fondamentale qu'il a établie en 2001 avec "Ne le dis à personne", c'est-à-dire le retour inattendu d'un passé que l'on croyait enterré et qui resurgit en jetant une lumière nouvelle et dévastatrice sur le présent, "Don't let go" (publié aux USA en 2017 et à date pas encore traduit en français) renouvelle suffisamment certains usages du polar "cobénien" pour raviver notre intérêt.
Avec des héros un peu moins "classe sup", Coben prend cette fois en compte des événements historiques (les conséquences sécuritaires sinistres de 9-11) plutôt que de faire vivre son énigme quasi "hors sol" suivant son habitude, ce qui introduit une atmosphère plus réaliste et pourtant plus typique d'un polar d'espionnage, lui permettant de renouveler les mécanismes de son angoisse... même si la révélation finale reste relativement prévisible quand on est habitué à ses modes de résolution.
Plus surprenante sans doute s'avère la (légère) mutation idéologique entamée ici : Coben condamne la vengeance individuelle comme le complexe si américain du vigilante, quand il ne manifeste pas une centaine sympathie envers les faibles et les malades ! Incroyable ! Si l'on ajoute qu'il semble avoir fait une croix sur sa légendaire francophobie, on se demande si le virus du politiquement correct n'a pas contaminé cet Américain jusque là tellement droit dans ses bottes !
Un dernier mot : il faut lire, si l'on peut, Harlan Coben en anglais pour profiter de la vigueur de son langage, ainsi que de son humour légèrement sardonique, deux qualités qui disparaissent largement en version française !